C’est dans la zone industrielle de Villeneuve-le-Roi, à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Paris, qu’ Edouard Launet, journaliste à Libération, a passé sa journée du 5 janvier… Qu’y faisait-il ? Il assistait à la destruction de plusieurs milliers d’invendus de l’édition française, méthodiquement organisée. En effet, chaque année, 110 millions de livres passent au pilon. Victimes en première ligne de ce « monstrueux autodafé » des livres destinés à doper les ventes des maisons d’édition, produits marketing qui sont à la littérature ce que le hamburger est à la gastronomie. Ni les éditeurs, ni le SNE, ni les distributeurs – « vrais industriels du livre -, ne semblent s’insurger contre cette pratique, même s’ils « rechignent à parler du pilon…
Le 18 janvier 1945, une petite dizaine de Sonderkommandos réussissent à s’enfuir de Birkenau, grâce à la panique qui saisit les SS à l’arrivée de l’Armée rouge… ces Juifs, réquisitionnés pour accomplir « l’exercice routinier » auquel certains soldats nazis répugnaient, ont laissé des témoignages écrits, enfouis autour des fours crématoires, retrouvés entre 1945 et 1980. L’ Express leur consacre un dossier, extraits à l’appui. Ainsi les notes de Zalmen Gradowski : « Qui sait si j’aurai le bonheur de pouvoir un jour révéler au monde ce profond secret que je porte en mon cœur ? Qui sait si je pourrai jamais revoir un homme « libre », si je pourrai lui parler ? Il se peut que ceci, ces lignes que j’écris, soient les seuls témoins de ma vie d’autrefois. Mais je serai heureux si mes écrits te parviennent, libre citoyen du monde. Une étincelle de mon feu intérieur se propagera peut-être en toi, et tu accompliras dans la vie au moins une partie de notre volonté, tu tireras vengeance, vengeance des assassins !
Cher découvreur de ces écrits !»
Pascal cousait ses discours dans la doublure de son manteau, Lejb Langfus, Zalmen Lewental et quelques autres creusaient la terre pour y ensevelir des «manuscrits désespérés»…
M. Launet, était-il utile, en ce jour, de filer la métaphore ? J’avoue qu’après certaines lectures, on a du mal à s’apitoyer sur le sort du dernier livre de Jean Amadou. Pour cela, il aurait fallu mieux vous y prendre !
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