« Comment qualifier l’ampleur d’une semblable tragédie à l’aube du millénaire qui a déjà vu l’explosion d’Internet et qui enfantera, n’en doutons pas, la conquête de Mars ? »… Ce sont les mots de Jean-Emmanuel Ducoin, éditorialiste au quotidien l’Humanité, qui nous rappellent à l’humilité. Rezvani, veuf cette semaine de Lula, sa muse de toujours, écrivait en 1995 dans l’Enigme : « Il y a comme ça des absurdités qu’il faut soit accepter soit rejeter. Sur mer toute logique terrienne s’évapore. La mer est un immense corps vivant illogique. Tout ce qui s’y passe est illogique ». Absurde alors l’idée d’ondoyer un blog littéraire au moment où les journaux délaissent les salons feutrés des boudoirs littéraires pour ne plus se consacrer qu’à l’horreur et à la désolation provoquées par les tsunamis en Asie du Sud-Est ? Sartre s’interrogeait en 1947 sur le rôle de la littérature dans un monde qui a faim. La meilleure réponse à cette question est peut-être à rechercher dans ce qui fut l’engagement de Susan Sontag tout au long de sa vie et qui nous a quittés le 28 décembre. Qu’aurait-elle dit, écrit, photographié de ce cataclysme qui a ébranlé la terre toute entière, celle qui, de juillet à août 1993, avait monté En attendant Godot dans Sarajevo assiégé ? En novembre 1993, elle écrivait dans une série d’articles publiés par Libération : « Je n’avais pas l’illusion qu’aller mettre en scène une pièce de théâtre à Sarajevo me rendrait aussi utile que si j’avais été médecin ou ingénieur au service des eaux. […] Mais c’était la seule des trois choses dont je suis capable : écrire, faire des films ou monter des pièces, en l’occurrence donner quelque chose qui serait fabriqué et consommé sur place et ne pourrait exister qu’à Sarajevo ». Face à l’arbitraire de la Nature, il est d’autres vagues, toutes aussi dangereuses : celles de la bêtise humaine, de l’intolérance, de la corruption... Salman Rushdie, très affecté par la perte de son amie Susan, comme il en témoigne dans le Monde, relayé par le Nouvelobs.com, mis à l’honneur par le dossier que l’Express consacre à l’Inde, s’engage aux côtés de 700 personnalités des arts et du théâtre anglais pour prendre la défense de Kaur Bhatti, menacée de mort par les intégristes sikhs à la suite de la représentation de sa pièce Behzti. Ne lésinons donc sur aucun système d’alerte. Restons éveillés, « armed with a pen » comme le titrait très joliment Sam Jones, au sujet de Sontag, pour The Guardian.
Bonjour,
Susan Sontag dans "Terres de Femmes" ?
Oui probablement un jour … A l’initiative de Angèle Paoli dans son blog !
Merci de votre commentaire chez cette dernière à propos de l’exposition qu’elle a bien voulu organiser !
Bien @ vous
Guidu
Rédigé par : Guidu | 24 janvier 2005 à 10:56