La revue de presse du Coq à l’âne a un mois… Mais en ce jour, il y a des commémorations plus importantes que celle-ci… C’est donc avec beaucoup d’humilité que je vais revenir sur le mois écoulé.
Lorsque j’ai débuté ce blog, je n’avais pas d’attentes particulières, juste la jubilation de me remettre à cette gymnastique de la pensée que j’affectionne tant. Victor Frankenstein ressortant des cartons ses fioles et ses machines pour fabriquer une femme à sa créature.Et puis, les premiers lecteurs sont arrivés, j’ai voulu savoir qui ils étaient : j’ai doté le blog de "mesureurs d’audience ». Mais ces listes de chiffres et de graphiques ne disent rien des humeurs éprouvées par mes visiteurs du soir et du matin : j’ai ouvert un forum, afin d’être plus à l’aise pour converser autour de ce qui nous réunit : le plaisir du texte. Le mois de janvier touche à sa fin, et les frimas de février pointent le bout de leur nez. Le Coq à l’âne, bien au chaud, va poursuivre son aventure, fidèle à son enseigne : comme écrivait Furetière, « un propos rompu, dont la suite n’a aucun rapport au commencement : comme si quelqu’un, au lieu de suivre un discours qu’il aurait commencé de son coq, parloit soudain de son asne, dont il n’étoit point question ». Les Épîtres du Coq à l'âne, écrites par Clément Marot, étaient déjà une sorte de chronique rimée assez obscure, pleines d’allusions aux misères de son temps… Les Anglais diraient a cock and bull story , « une histoire de coq et de taureau ». Mais ici, on n’aime pas trop les expressions toutes faites : l’âne, c’est aussi ce symbole d’ignorance et de perversion, que les hommes du Moyen Age mettaient en vedette en lui réservant, par dérision, des honneurs dignes des dieux, jusqu’à le placer dans le chœur de l’église ! N’en est-il pas de même parfois avec la presse littéraire, qui porte aux nues Da Vinci Code ou Marc Lévy ? Que reste-t-il du coq, symbole de lumière et de résurrection ? Il perd des plumes ! Quant à l’âne, il se porte au mieux, dans ce monde rempli de Vadius et de Trissotin: asinus asinum fricat, comme dit le proverbe, « l’âne frotte l’âne ». Renvois d’ascenseurs, de monte-charges, critiques autorisées, passe-droits ... Le Coq à l’âne, qui connaît sa basse-cour, veille…
Une telle profession de foi est-elle compatible avec l’incrustation des annonces publicitaires du futur Big Brother, si l’on en croit l’excellent article de Jean-Noël Jeanneney, au sujet de la bibliothèque universelle de Google ? Triste mécène, pingre et intéressé ! Mais c’est pour l’instant la seule ressource dont je dispose pour offrir à mes lecteurs une revue de presse digne de ce nom, qui s’aventurerait hors des sentiers battus par les grands groupes de presse. A votre bon clic, messieurs dames !
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