A l’occasion de la commémoration du soixantième anniversaire de la libération d’Auschwitz, la presse généraliste, comme la presse littéraire, évoquent ces témoignages sortis de l’Enfer des hommes. François Dufay, du Point, s’intéresse aux écrits de Leon Goldensohn, jeune psychiatre de 34 ans alors, qui faisait partie de l'équipe chargée de veiller sur la santé mentale des accusés du procès de Nuremberg : « Ce natif de New York, commandant dans l'US Army, est le seul à n'avoir jamais rédigé aucun livre à partir des interrogatoires menés pendant sept mois. Trente-quatre ans après sa mort, ses notes inédites paraissent sous le titre Les entretiens de Nuremberg. Un document fascinant sur la psychologie des dirigeants nazis - du moins sur la façon dont ils réagissaient quand on les mettait face à l'immensité de leurs crimes ». Eric Conan, quant à lui, nous fait entendre la voix des Sonderkommandos, dans l’Express.
Du côté des écrivains, René de Ceccatty du Monde des livres se consacre à Primo Levi, à l’occasion de la parution en français d’un "rapport" sur les conditions de détention à Auschwitz, qu’il a cosigné avec Leonardo Debenedetti, un compagnon de déportation. Etrangement, Thomas Regnier, du Magazine littéraire, ne fait aucune allusion à ce texte, pourtant écrit trois ans avant Si c’est un homme.
C’est toutefois au Magazine littéraire que revient le mot de la fin, par le biais de Jorge Semprun. A la question de Gérard de Cortanze, qui lui demande ce qu’il pense des « commémorations autour des camps », il répond : « Le lien social est fait de rituels inévitables. Ce qui m’énerve beaucoup dans les commémorations, c’est ce côté « plus jamais ça ». Il faudrait inverser les choses. Plutôt que de parler des crimes de Hitler, parlons de la xénophobie actuelle, des crimes racistes. La vraie commémoration, au sens profond et noble du terme, c’est celle que propose Zoran Music, un des seuls grands peintres de la déportation qui, retravaillant les dessins clandestins qu’ils a faits à Dachau, intitule son exposition Nous ne sommes pas les derniers ».
Très heureux, vraiment, d'avoir découvert votre blog. Ca me fait chaud au coeur quand je découvre un travail d'une telle qualité. Bravo!
Rédigé par : Luc Fayard | 26 janvier 2005 à 19:11