Après avoir écrit, dans le mensuel Lire son « premier article réac’ », Frédéric Beigbeder se fend de son premier « anti-article » ! Il se charge himself de la critique de son dernier livre, en parodiant les griefs d’une certaine critique littéraire mal disposée à son égard : « A bientôt 40 ans, il est inquiétant de voir un auteur encombrer autant l'espace médiatique avec ses petits problèmes conjugaux d'ex-président du Caca's Club. Baron ou Mathis Bar? Dior ou Saint Laurent? Telles sont les vastes questions existentielles abordées dans ce carnet de notes de frais. L'égoïste romantique n'a d'intéressant que son titre, et il est de Fitzgerald. Un titre plus approprié aurait été: Journal d'un pauvre con. Comment la France peut-elle tolérer qu'un dadais aussi prétentieux et irresponsable dirige une maison d'édition de l'importance de Flammarion? Pourquoi le prestigieux magazine Lire lui accorde-t-il une chronique mensuelle au lieu de faire appel à des critiques compétents et dévots? » On croirait lire, à s’y méprendre, du Pierre Jourde ! Jourde qui écrivait justement, dans La littérature sans estomac, avec l’ironie qui le caractérise, que « lorsque Beigbeder a l’air de sacrifier à la bêtise et au cynisme, c’est pour mieux les dénoncer. Il nous montre qu’aucun d’entre nous ne peut prétendre échapper au mal, à la bassesse, à l’avidité, à la médiocrité, et ne s’exclut pas de cette analyse. » Pied de nez à ses détracteurs, l’article de Beigbeder est peut-être une manière cocasse d’entériner l’affaire Bénier-Bürckel, portée sur la place publique par Bernard Comment et Olivier Rolin : « Frédéric Beigbeder doit mourir, vite, pour laisser la place à des auteurs plus intéressants (François Tinchard, Jean-Yves Magnon, Eric Bousselier, notamment, mais aussi Olivier Rolin, Bernard Comment, Marianne Denicourt). » Réponse voilée à l’Agitpop des Inrockuptibles, daté du 18 mars, où Bernard Comment et Olivier Rolin s’appuient sur le paratexte de Pogrom et des entretiens accordés par Bénier-Bürckel à la presse, pour prouver l’antisémitisme de l’auteur. A la fin de l’article, Comment et Rolin disent attendre « toujours la position de Flammarion. » Rappelons que Beigbeder s’est très intelligemment gardé d’entrer dans cette polémique stérile…
Au-delà de ces passes d’armes et de ces private joke, dont le lecteur de Lire qui cherche à se renseigner sur la littérature se contrefout, deux conceptions de la littérature s’affrontent.
Là où Comment et Rolin affirment que « la fiction n’est pas un sanctuaire, un espace magique où l’immonde, par la seule grâce d’être devenu « fictionnel », se muerait en or », Beigbeder, dans un article qu’il consacre à Malaparte, paru dans la revue L’Atelier du roman, prétend le contraire : « Ma théorie (empruntée à Kundera dans L’Art du Roman) est que la littérature sert peut-être à exprimer ce qui est inexprimable ailleurs. « La raison d’être du roman est de dire ce que seul un roman peut dire » (…) « Les destructions peuvent être belles » (Kundera, La Plaisanterie). La guerre est séduisante : oh là là, on a le droit décrire une chose pareille ? Oui, c’est même un devoir. Et aussi : la mort est magnifique, l’horreur est glamour, les attentats sont sexy, la torture est érotique, la pornographie est romantique, le roman est amoral, et rien n’est plus esthétique qu’un Tsunami sur Phuket » … Deux visions du roman, deux styles aussi, qui mène Olivier Rolin au Matricule des Anges et Beigbeder aux chroniques de potaches du magazine Lire. Langue de belle-mère tirée au nez des censeurs moralistes ou leçon marketing apprise à Selftrade ?
Plagiat d'un Jourde qui balance, ou simple devenir hégélien de la conscience qui passe un stade, dialectique ? Ne se désignerait-il pas à la vindicte populaire, par conscience de son inanité, choqué qu'il est de rencontrer du succès et d'être lu avec sérieux ?
Quant à l'affaire dont vous parlez après, je l'ignorais; dommage que l'auteur de cette prise de conscience publique ait cru bon de se saborder en versant dans une goutte d'antisémitisme, de trop, çà ne pardonne pas...
Que ce soit chez Selftrade ou non, la famille a le sens marketing; c'est sans doute même un métier. C'est pourquoi, lorsqu'il parle, et traite d'idées, je ressens, à plein nez, l'activité commerciale de celui qui les traite aussi comme des marchandises. La "malbouffe" senti-mentale est bien assurée par ce genre de sieur. Et, comme à ceux qui rendent obèses et figés une population qui sait qu'elle a faim mais qui ne sait pas ou plus pourquoi, je lui demande, dans une lettre publiée en début de semaine prochaine, sur "l'action littéraire", de bien vouloir, et vite, aller voir ailleurs, comme on dit, si j'y suis. Pour ma part, j'ai cessé de le supporter, en le voyant et l'écoutant il y a quelques jours dans "Campus". C'est pourquoi je propose cette insurrection, mais il s'agit d'une insurrection, NO Beigbeder, qui engage plus encore la lutte entre deux France : celle d'un petit Tout-paris, et le reste de la France, peu ou prou. Comme à la veille de la Révolution française, 95% de paysans face à une maigre noblesse.
Rédigé par : grellety | 16 avril 2005 à 16:19
Je n'ai jamais, depuis l'ouverture de ce blog, supprimé un seul commentaire... Cependant, lorsque je lis le texte ci-dessus, je suis tentée de le faire ! Depuis quand le Coq ferait de la publicité, gratuite de surcroît !
Je me contente pour l'heure de désactiver le lien du message, mais la prochaine fois, un commentaire de cet acabit passera à la trappe !
Rédigé par : Eli Flory | 06 juin 2005 à 16:26