Pour Xavier Lacavalerie, de Télérama, « la nouvelle va faire jaser et pas seulement dans le landerneau des chapelles philosophiques Martin Heidegger (…) est au programme de l’agrégation de philosophie 2006. » Le mois dernier, la parution de l’essai d’Emmanuel Faye, L’introduction du nazisme dans la philosophie, et la couverture médiatique que l’ouvrage a reçue avait amené Stéphane Zagdanski et d’autres intellectuels à engager sur le site Paroles des jours, « une résistance spirituelle », pour reprendre une formule d’Heidegger désignant ses cours sur Nietzsche. Le Magazine littéraire du mois de juin fait de la querelle autour de la philosophie d’Heidegger le débat du mois : trois universitaires Michèle Cohen-Halimi, Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Michel Salanksis répondent à la question qui leur est posée par David Rabouin : « Les sympathies nazies, profondes ou passagères, de Heidegger, invalident-elles l’ensemble de son œuvre philosophique ? » Peut-on aller jusqu’à émettre cette idée saugrenue qu’il faille « exclure Heidegger des bibliothèques de philosophie ? »
Pour Lacavalerie, la polémique autour de l’œuvre d’Heidegger pourrait bien tout emporter sur son passage :
« La décision ministérielle risque fort de relancer la polémique » et « remettre en cause la spécificité bien française de la philosophie en classe terminale.» En effet, certains « esprits chagrins » pourraient en profiter « pour exiger la suppression de cette discipline inutile, jargonnante ou carrément dangereuse… » Quelle ironie du sort que l’œuvre d’un philosophe, que d’aucuns taxent de nazisme, permette de légitimer des procédés dignes des régimes totalitaires ! Pourquoi ne pas plus exclure non plus des programmes de l’agrégation de lettres des auteurs comme Louis-Ferdinand Céline (au programme en 2004) ou Jean Genet (au programme en 2001)… La mise en garde de Jean-Michel Salanksis, professeur de philosophie des sciences, logique et épistémologie à l’université Paris X-Nanterre, doit être entendue : « Nous devons garder la capacité de faire des distinctions (…) sinon, c’est la philosophie elle-même comme exercice droit de la lucidité conceptuelle qui est perdue, sans que la morale y gagne rien. »
Je n'y connais rien en philo, entre les écoles des uns et les disciples des autres, mais c'est le manège des penseurs sous spots light de la pensée puis rétrogradés en seconde division du concept de gare (le tout, dans l'année qui suit), qui m'interpelle. Il y a des courants, des modes... Va-t-on tout entendre, sur tout et tous, avant d'oublier, puis de repartir pour un tour d'horizon...?
L'étude des philosophes décédés, à coup de trifouillages bizarres pour arriver à tordre les pensées de chacun dans le sens polémique et polysémique qu'on souhaite, est elle à ce point obligatoire, pour qu'on décide d'en oublier qu'on peut, sans doute, essayer de faire du neuf et s'intéresser à des sujets actuels qui mériteraient un poil plus notre attention..??
Attention camarades philosophes, je ne dis pas qu'Heidegger est total old fashioned (ses plus fervents défenseurs s'en chargeront dans 2 ans). Mais bon, il y a bien autre chose à tenter, non?
Là, ça me semble deterrer un cadavre de polémique pour voir si elle bouge encore...
Rédigé par : dash | 08 juin 2005 à 17:02
Le débat qui a fait rage sur le blog de Pierre Assouline, montre que ce pauvre cadavre remue les neurones de bien des gens.
Ce qui était un peu gênant c'est la pub que les défenseurs d'Heidegger faisait autour de leur site, qui était systématiquement cité dans toutes leurs interventions.
Coup marketing très réussi, il faut l'avouer.
N'étant pas le moins du monde connaisseuse, je me garderai bien de dire quoi que ce soit sur les arguments des uns ou des autres.
Est ce qu'heidegger était au programme du bac philo cette année?
Eli c'est pour quand cette terrasse?????
En dehors de cela, j'aime beaucoup ce que vous faites ;-)
Rédigé par : adeline | 09 juin 2005 à 14:23
Personnellement, je n'ai suivi que de très loin le débat autour d'Heidegger, pour les mêmes raisons que toi. En revanche, je ne trouve absolument pas choquant que les tenants de Paroles des jours indiquent le lien de leur site... Quel marketing ? Y a-t-il de l'argent à la clé ? A part Assouline et Jacob, existe-t-il des blogueurs payés pour leur travail ? Les idées sont faites pour circuler, le lien hypertexte le permet. Tant mieux !
P.S : Je t'écris en privé pour "la terrasse"... Je n'ai pas oublié, gente dame !
Rédigé par : Eli Flory | 09 juin 2005 à 20:51
Je suis d'accord avec le fait de faire circuler les liens, mais le fait de systématiquement intégré dansle corps du message l'adresse du site, quand c'est toujours le même intervenant qui prend la parole, ça fait un peu bourrage de crâne. C'est le sentiment que j'ai eu et pour avoir lu tous les messages, la violence des deux camps fnissaient par rendre ce petit lien dérangeant car il semblait dire venez décrouvrir la vérité sur notre site.
Mais tu as raison, cela ouvre les débats.
Rédigé par : adeline | 10 juin 2005 à 10:15
A Madame la Présidente de la société des agrégés de l’Université,
Madame la Présidente de l’Association des agrégés de philosophie,
Monsieur le Président du jury d’agrégation de philosophie
---------------------------------------------------------------------------------Que faut-il enseigner aujourd’hui en philosophie sous le nom de Heidegger ?
Compte tenu de ce que nous savons sur Heidegger en 2005, de ses implications dans le plus grand crime contre l’humanité que l’Europe ait connu, le génocide qui a conduit l’Allemagne de Nuremberg à Nuremberg, une interprétation de Heidegger en termes de philosophie de l’Être, indépendante des données historiques, comme ont tenté de le faire Jean Beaufret et ses disciples depuis 1946, s’avère désormais impossible.
Dans ces conditions, mettre l’œuvre de Heidegger au programme de l’agrégation de philosophie apparaît clairement comme une aberration. On ne peut plus se comporter raisonnablement comme si on ne savait pas.
Tant qu’on accordait foi aux déclarations de Heidegger à la commission française d’épuration on pouvait penser qu’il s’agissait d’une erreur de sa part, ou comme il le disait lui-même, d’une grosse bêtise (Dummheit »). Or nous savons, à la suite de l’avancement de la publication de la Gesamtausgabe et grâce aux recherches internationales entreprises sur cette question, que c’est toute l’œuvre de Heidegger qui est engagée dans la construction du national socialisme, et pas seulement quelques écrits de circonstance isolés qui auraient pu être interprétés comme un effet de « mirement », pour reprendre un terme cher à Gérard Granel.
Si certains écrits de Heidegger, et notamment Être et temps, ont pu paraître exempts d’idéologie nazie au point d’induire en erreur des penseurs de haut niveau tels qu’Emmanuel Lévinas ou Hannah Arendt, d’autres penseurs, non moins célèbres, comme Hans Jonas et Karl Loewith ont très vite attiré l’attention du monde entier sur le caractère pernicieux de la production heideggérienne. Nous ne pouvons plus nous comporter aujourd’hui comme si ces penseurs n’avaient pas existé.
Les travaux de Guido Schneeberger , de Victor Farias, de Hugo Ott et d’Emmanuel Faye sont venus confirmer ce que l’on craignait depuis longtemps, à savoir la collusion, non plus de l’homme Heidegger seulement, mais de toute son œuvre avec le régime nazi tant au niveau de la préparation, que de la guidance, voire de la prolongation ou de la reprise, après la défaite, de cette tyrannie, dans les domaines pédagogique et culturel. Comment des examinateurs divisés sur la question, pourraient-ils, apprécier sereinement le travail des candidats, s’ils sont en désaccord profond sur la signification de l’ œuvre ?
En attendant le résultat d’études plus poussées, ne vaut-il pas mieux retirer Heidegger de la liste des auteurs du programme et surseoir à l’étude de Être et temps même si certains jugent que cette œuvre est, à leurs yeux, d’une importance capitale. Il se pourrait qu’ils déchantent après avoir replacé l’ouvrage dans le contexte exhaustif de la genèse du nazisme, genèse qui, -et cela doit être dit-, n’a encore jamais fait l’objet d’une étude complète de la part des historiens.
Dans l’attente d’une décision responsable de votre haute assemblée, comptant sur votre sens élevé du devoir et de la probité, je vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, chers collègues, l’expression de ma haute considération.
Michel BEL, agrégé de philosophie, Saint-Cyr-sur-Loire, le 4 juin 2005.
Rédigé par : bel | 19 juin 2005 à 17:46
En France, plus qu'ailleurs, Heidegger a fait l'objet d'une promotion longue, insistante, "entêtante". Gallimard le publie. C'est dire ! Est-il "un penseur", au point que l'on ne puisse vivre sans le lire ? Apporte t-il des éléments, ou même une réflexion novatrice ? Pour celui qui le lit, Heidegger "heideggérise", c'est-à-dire propose un style unique. On aime ou on aime pas. Si vous lisez ses cours, son expression est plus souple, précise, moins ramassée, et pour l'essentiel, tout à fait compréhensible. Or, je reviens à la question : apporte t-il des éléments "novateurs" ? Si vous avez un peu de culture historique de "l'histoire de la philosophie", cet apport est évident; je veux dire qu'il existe. Mais "ce" qu'il apporte est moins évident dans la mesure où il faut être à son niveau pour entamer un dialogue. Pour cela, il faut une culture philosophique et générale... solide. Reste que, par comparaison avec des auteurs français (qui semblent "philosopher dans le vide", comme si, du temps, il n'y avait pas eu d'oeuvres, de fondements, une mémoire à l'oeuvre dans le présent, comme si "philosopher" était un "pur jeu" de concepts) Heidegger est très sérieux - même s'il peut se tromper, et sur le détail, et sur l'essentiel. Mais c'est un auteur EN RECHERCHE - et ce travail, cet effort, sont non seulement méritoires, mais illustre parfaitement les contraintes qui s'imposent à qui veut "penser". Je conseille donc pour cela son ouvrage "Qu'appelle t-on penser ?" qui contient des réserves de surprises et d'idées...
Peut-on être un penseur, et qui sait, un grand penseur, et en même temps, être un "nul", quelqu'un qui ne voit pas ce qu'est le nazisme, qui collabore activement, qui tient des propos stupides... ? Je réponds oui ! Il en est la preuve ! Comme si "les grands penseurs" n'avaient pas, dans leur vie, dit ou fait des c..... ! Qui peut exhiber une vie sans erreurs ? Dans son cas, les erreurs sont terriblement décevantes puisqu'il fut un "allié" objectif des pouvoirs nazis. Et celui qui peut en être le plus choqué, c'est... lui-même !
Il ne mérite ni l'opprobre facile de ceux qui, 70 plus tard, n'ont aucune idée de ce que fut la violence nazie, de la peur qu'elle diffusait partout en Allemagne; et de la manipulation mentale à l'oeuvre dans le régime pour décerveler une nation, y compris un "grand penseur"; ni ce culte que certains lui vouent, ce qui les conduit à nier des évidences. En fait, une fois de plus, ce jeu "people" sur ce qu'il a fait, dit, vu, avec qui il a couché, permet d'occulter la pensée - qui pendant ce temps-là n'est pas lu, discuté, jaugé.
Rédigé par : grellety | 22 juin 2005 à 19:12
je trouve le procès fait à Heidegger problématique; doit-on porter le soupçon sur l'oeuvre de l'auteur dans sa globalité? Les liens de certains propos avec le nazisme ne faisant aucun doute, cela ôte-t-il la profondeur conceptuelle de tous les autres? Un philosophe peut-il être un homme parfait et, si oui, où placer la limite entre ce qui mérite considération et ce qui doit être déconsidéré? Qui imposera cette limite? Selon quels critères? L'analyse philosophique ne doit-elle se cantonner qu'à ce qu'elle considère comme valable ou doit-elle opérer sur tout le réel, qu'il soit grandiose ou détestable?
De +: doit-on interdire la lecture de semprun, Sartre parce qu'ils ont été communistes; celle de Nietzsche parce qu'elle est anti-démocratique et prône le dépassement de la morale du "On" (pour reprendre un terme d'Heidegger), celle d'Onfray parce qu'elle est anti-religieuse et froisseles ussceptibilités irrationnelles? Le danger et l'horreur oblitèrent-ils la possibilité de réflexions profondes, ou du moins pouvant donner lieu à des problématiques fécondes?
Je laisserai répondre ceux qui sont persuadés de posséder (déjà!)la vérité mais je ne les considère pas comme des philosophes.
Rédigé par : eric hantute docteur en philosophie politique et juridique | 24 juin 2005 à 22:18
Le seul talent que l'on puisse reconnaître à (aux)?) Faye c'est d'avoir réussi à convaincre avec de maigres arguments et très peu de références philosophiques à proprement parler , que l'oeuvre de Heidegger serait "contaminée" de part en part par ses engagements politiques. J'ai lu cet ouvrage de "recherche" une fois et je ne recommencerai pas car il n'est qu' à charge , et surtout parce que son auteur ne traite pas de philosophie , encore moins de pensée. Il est parfaitement vain d'essayer de faire dire aux oeuvres des années 20 quoi que ce soit qui annoncerait ou obligerait à un engagement quel qu'il soit par la suite. Qu'un certain pathos y soit décelable est irréfutable malgré le sérieux des cours et publications de l'époque. Or , ce sont ces textes essentiels , Etre et temps , les problemes fondametaux de la phénomenologie et les concepts fondamentaux de la métaphysique qui sont à étudier pour l'agreg.Autant dire que celui qui doute de leur interêt philosophique se décrédibilise à vie. Pour le reste de l'oeuvre de Heidegger , un travail titanesque attend ceux qui veulent le "sauver" des accusations des humanistes. Il ne faudra pas beaucoup de travail en revanche aux feignasses et à ceux véxés par l'invalidation supposée par l'oeuvre heideggerienne de leur petite chapelles métaphysiques , pour décréter que la national-socialisme est une infâmie à la quelle le nom de Heidegger est indissolublement lié.
Il semble - et certains le font depuis toujours et ils ne sont pas SS- préférable de laisser de côté ce type de débat tout en restant sur ses gardes , en ironisant sur la niaiserie politique de Heidegger ,et de ne traiter que de la véritable originalité philosophique de ce grand penseur en délaissant le petit homme.
Pour résumer la bande à Fédier comme celle grotesque à la Ferry et à la Faye me font pitié. J'ai pu lire et voir ( à un colloque à lausanne pour les uns , et à une communication à la sorbonne pour l'autre) la petitesse des uns et des autres. Espérons que les agrégatifs nous éviteront le spectacle sordide consistant à choisir un de ces deux camps pour faire enfler la polémique et ainsi faire payer à tout le monde leur inconséquence
Rédigé par : stephane domeracki | 26 juin 2005 à 20:26
désastreuse polémique lancée par Faye pour s'assurer une publicité que lui fait le scandale
thèse tout de même incroyablement stupide : dès les années 20 Heidegger était nazi, comme si pouvait déjà de dessiner, se décider, ce qui allait se passer dans les années 40
et comme, bien sûr , cette assertion est internable et aberrante, il invente (il invente, oui, car à la lecture des textes de Heidegger rien ne permet de trouver Hitler en soulevant les pages de ses textes de philo, rine ne permet de pressentir et prédire le nazisme dans ses textes des années 20) alors il invente, en soutenant que, non pas Heidegger aurait rallié (momentanément) le nazisme (comme les faits en sont établis)mais que c'est lui qui aurait influencé Hitler ! et que m^me il en aurait écrit à sa place les discours
et l'autre écrivaillon de Telerama d'enchaîner : on sait que ... il est établi que ... heidegger écrivait les discours de Hitler
on est en plein roman de fiction, en plein mirage, absolument n'importe quoi, car bien sûr, RIEN, absolument RIEN ne permet de proférer des énormités pareilles
mais le + étonnant c'est qu'il existe des gens pour le croire et répandre ce bruit : exactement comme une rumeur, un fantasme, une peur collective : on est en plein irrationnel et plus c'est gros, plus ça marche
le petit Faye (aidé par son père) vient d'inaugurer un genre nouveau en philosophie : la philosophie-fiction, le thriller philosophico-fantastique, la philo-irrationnelle genre da Vinci code, où gagne, comme dans les concours où est déclaré vainqueur celui qui aura mangé le + de saucisses, ou bu le + de bière, ou fumé le + de cigarettes, celui qui a réussi dans le + énorme, le + invraisemblable, le + absurde
1° prix à Faye , père et fils : ils sont bons pour al foire
Rédigé par : speedy gonzales | 29 juin 2005 à 00:50
"le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable", disait Boileau. Et pourtant c'est au vrai qu'il faut aller et ne pas s'arrêter au vraisemblable.
Par qui les discours d'Hitler ont-ils été rédigés, lorsqu'il s'agit de discours écrits, bien sûr,c'est à dire de discours très élaborés portant sur des questions importantes telles que la culture , l'économie ou la justification des assassinats de la nuit des longs couteaux?
On ne s'est guère posé la question en France. Quand on sait qu'Hitler n'écrivait rien, il faut bien s'interroger sur l'identité des intellectuels qui ont participé à ce travail. Or les travaux de stylistique nous montrent en faisant une étude comparée de la construction des énoncés, de la composition des textes, des tournures de phrases, du vocabulaire employé et des habitudes mentales, que certains textes n'ont pas été seulement influencés par les idées de Heidegger, de Carl Schmitt, de Darré, de Rothacker ou de Goebbels mais écrits partiellement par eux-mêmes , si ce n'est, pour certains, en totalité. Une étude des niveaux de langage, des registres et des champs d'intervention fait apparaître très nettement les zones de rupture ,les lieux d'insertion et les inclusions de mots d'origine vulgaire ou de tournures vernaculaires.N'oublions jamais que les intellectuels nazis ont porté une attention soutenue aux propriétés du langage et aux modes d'expression. Or, en ce domaine, qui peut le plus peut le moins et non l'inverse. Ce qui signifie que le code élaboré peut se barder d'expressions du code restreint sans que la qualité de ses structures soit atteinte. Seul un oeil expérimenté peut repérer du premier coup la griffe du maître à laquelle il a ajouté la gaucherie de ses domestiques. Le procédé est d'autant plus intéressant pour les maîtres qu'ils peuvent exprimer dans un discours qui sera dit ou lu par un autre ce qu'ils ne peuvent exprimer ni dans leur milieu habituel ni dans leurs lieux d'intervention du fait de la censure de champ. Ainsi Heidegger pouvait donner libre cours à sa pensée, à ses jugements et à sa haine dans ses letres, toutes choses qu'il ne pouvait pas se permettre à l'université ou dans d'autres cercles publics. Les discours prononcés par des tiers où toute référence à l'auteur était dissimulée et bannie lui permettait de s'exprimer en toute liberté sans qu'on sache que c'était lui qui parlait.Le discours sur la culture, par exemple, nous révèle la vraie pensée de Heidegger débarrassée des euphémismes et des contraintes de la censure de champ. Mais peut-être en avons-nous trop dit pour ceux qui se contentent des illusions de surface et des fausses véritésdu vraisemblable.
Rédigé par : bel | 04 juillet 2005 à 11:11
Bonjour à tous.
Décidément, ici comme ailleurs, les bras m'en tombent... Monsieur Bel m'avait promis, sur un autre blog, des arguments : je lis donc ceux qu'il donne ici — et remarque que, comme toujours, il se réfugie dans l'imprécation générale, l'argument d'autorité (un discret mais tenace "Moi, je sais de quoi je parle"... Tout à fait honnêtement, j'en doute un peu... Du moins j'attends toujours). Car enfin, M. Bel ne produit aucun texte pour étayer des assertions aussi graves que gratuites. Je peux quant à moi citer quantité de références précises où Heidegger affirme son mépris pour le racisme, l'idéologie Blut und Boden (à la mode, dit-il en 1934, chez les écrivaillons de notre temps), sur ce qu'il entend par "peuple", et qui n'a RIEN à voir avec le Volk nazi (puisque le peuple dont parle Heidegger dès Etre et temps est une communauté historique rasemblée autour de sa propre responsabilité (au sens MORAL du terme), et non je ne sais quelle "race" biologiquement déterminée), etc.
M. Bel dit qu'il est inutile de citer des textes, parce que les faits parlent d'eux-mêmes. Effectivement, Heidegger a été le dernier recteur librement élu de sa faculté (à l'unanimité moins deux voix, dont la sienne). Effectivement, Heidegger, le temps de son rectorat, a été le SEUL recteur d'Allemagne à interdire toutes les associations antisémites sur son campus; effectivement, Heidegger (comme l'attestent tous les témoignages de l'époque) n'a JAMAIS commencé ses cours par le salut nazi. Effectivement, Heidegger a refusé le poste que le pouvoir lui offrait à Berlin.
Effectivement, Heidegger est rapidement devenu au plus au point suspect pour le régime, lequel lui a été à ce point favorable qu'il l'a jugé le professeur le moins indispensable de l'Université allemande, avant de lui interdire de se rendre en France.
Voilà des faits, historiques et avérés par tous, par exemple par Hugo Ott. Mais qu'importe ces FAITS, ils ne sont qu'un écran de fumée... Il faut aller chercher derrière eux des textes... Pas ceux de Heidegger, bien sûr (dont la moindre lecture un peu attentive montrera l'hostilité rapide au régime), mais ceux... de Hitler.
Je résume donc l'argument. Heidegger était nazi, c'est indubitable; et c'est indubitable parce que c'est un FAIT. On en appelle donc aux faits... mais comme les faits ne vont pas dans le sens où l'on voudrait les voir aller, on dit finalement que les faits ne sont pas importants, parce que c'est la pensée de Heidegger qui est radicalement nazie (et que donc peu importe que le Heidegger "historique" se soit détaché dès 1934 du national-socialisme "historique"). On renvoie alors aux textes de Heidegger, comtpant sur l'ignorance du public pour asséner à peu près n'importe quoi (le "métaphysiquement nécessaire" de Faye, qui m'aurait beaucoup fait rire, si ce n'était à pleurer).
Mais comme il se trouve aussi dans le public des gens qui ont lu Heidegger (et en allemand), qui sont aussi (par exemple...) professeurs agrégés de Philosophie, et guère impressionnés par les grands airs qu'on peut se donner, qui enfin ont malheureusement encore assez d'énergie pour réagir aux plus flagrants contresens, voire aux lectures les plus délirantes, on hésite un peu à renvoyer aux textes de Heidegger lui-même, lesquels résistent décidément à l'interprétation qu'on en fait; on en appelle alors à ceux... de Hitler. Avec la démonstration suivante : Heidegger était nazi ; s'il n'a rien écrit d'authentiquement nazi, c'est parce qu'il déversait son fiel dans les discours du Führer. Voilà comment, pour défendre une position difficilement défendable, on en vient à dire... à peu près n'importe quoi, au mépris du bon sens même le plus élémentaire !
Car après tout, quel intérêt aurait eu Heidegger, s'il était à ce point un nazi convaincu, pour ne JAMAIS avoir fait étalage de son admiration entre 1934 et 1945? Pourquoi n'aurait-il pas profité de ses affinités pour fréquenter la haute société du régime et arracher quelque juteux privilège ? En 1934, les nazis convaincus gardaient-ils leurs conviction pour eux, et si oui, pourquoi?
Monsieur Bel répondra sans doute que ce qui signe l'appartenance nazie de la pensée de Heidegger, c'est l'usage qu'il fait de mots authentiquement nazis. Puisqu'il se pique de philologie, qu'on me permette, ici comme ailleurs, de rappeler que les mots Volk, Geschichte, Heimat (entre autres) n'étaient certes pas des néologismes du régime, mais au contraire des termes peut-être trop importants pour laisser ainsi les nazis en avoir l'exclusive. Qu'on regarde les cours sur Nietzsche, et l'on verra si le Volk au sens de Heidegger a quoi que ce soit de nazi. Qu'on regarde aussi ce qu'il dit de la "Germanie"; et l'on verra s'il pense que son destin authentique est d'asservir l'Europe en la mettant à feu et à cendre.
Pierre Teitgen
Rédigé par : Pierre Teitgen | 04 juillet 2005 à 15:45
Monsieur Bel,
Sur un autre site, je me suis permis de vos poser quelques questions. Permettez-moi de continuer ici, à propos de ce que vous avancez dans ces colonnes.
Je vous félicite de citer le grand Boileau : "le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable"
C'est parce que le vrai peut n'avoir pas l'apparence du vrai qu'on ne saurait se contenter de soupçons, de coïncidences, d'éléments dispersés. Le vrai se distingue du vraisemblable par les preuves qui le vérifie. Seule la démonstration fait le départ entre vrai et vraisemblable.
Vous posez, au début de votre intervention, une question tout à fait passionnante : "Par qui les discours d'Hitler ont-ils été rédigés, lorsqu'il s'agit de discours écrits, bien sûr,c'est à dire de discours très élaborés portant sur des questions importantes telles que la culture , l'économie ou la justification des assassinats de la nuit des longs couteaux?"
En effet, si ce n'était pas lui qui les écrivait, il y a un intérêt historique évident à mettre au jour l'auteur de ces différents discours. Vous remarquez à juste titre que la question n'a pas fait l'objet de beaucoup de recherches ni de publications très nombreuses.
"Quand on sait qu'Hitler n'écrivait rien, il faut bien s'interroger sur l'identité des intellectuels qui ont participé à ce travail."
Je ne savais pas, pour ma part, que Hitler n'écrivait rien. Je savais qu'il s'était fait aider dans la rédaction de Mein Kampf, mais j'ignorais qu'il n'écrivait rien. Pouvez-vous me dire d'où vous tenez cette information qui n'est pas de notoriété publique chez les gens qui ne sont pas historiens, ce qui est mon cas ?
Vous ne citez pas non plus vos sources lorsque vous affirmez : "Or les travaux de stylistique nous montrent en faisant une étude comparée de la construction des énoncés, de la composition des textes, des tournures de phrases, du vocabulaire employé et des habitudes mentales, que certains textes n'ont pas été seulement influencés par les idées de Heidegger, de Carl Schmitt, de Darré, de Rothacker ou de Goebbels mais écrits partiellement par eux-mêmes , si ce n'est, pour certains, en totalité."
Je serais curieux, étant moi-même linguiste et philologue (connaisseur des langues germaniques de surcroît), de me plonger dans ces analyses qui doivent être passionnantes. Ce qui me gêne dans votre affirmation, c'est que vous télescopez deux ordres différents : l'ordre proprement linguistique (composition, tournures, constructions, vocabulaire) et un ordre mental et idéologique (habitudes mentales : quid est ? et les idées).
Vous mettez sur le même plan, de manière, il me semble, assez peu honnète : Heidegger, Schmitt, par exemple dont les oeuvres offrent autre chose que du nazisme et Goebbels qui, lui, n'a jamais traité d'autre chose. De plus, Schmitt ne s'est pas caché d'être nazi. Il a volontiers fait apparaître son nom au bas de textes explicitement nazis. Il a crié haut et fort son nazisme. Mais de là à rédiger les discours de Hitler il y a un pas qu'il ne franchit peut-être pas. Il a participé à l'élaboration des lois de Nüremberg, mais comme juriste nazi pas comme nègre de Hitler.
D'où tenez-vous ces informations ? Pouvez-vous prouver, autrement qu'en nous renvoyant au livre de Faye qui d'ailleurs ne va pas si loin, que Heidegger a rédigé un jour un seul discours de Hitler ? Avez-vous des preuves qui vous permettent de transformer ce qui pour vous semble hautement vraisemblable étant donnée l'estime où vous tenez Heidegger, en vérité ?
La suite de votre intervention est tout autant gratuite eu égard à l'ambition que vous lui assignez :
"Une étude des niveaux de langage, des registres et des champs d'intervention fait apparaître très nettement les zones de rupture ,les lieux d'insertion et les inclusions de mots d'origine vulgaire ou de tournures vernaculaires"
"Faire apparaître très nettement des zones de rupture, des lieux d'insertion, etc.", voilà qui relève du vraisemblable. Ce type d'élément dont il serait bon, par ailleurs, de fournir des exemples en nombre suffisant pour que cela soit probant, ce type d'élément, disais-je, est de nature à rendre vraisemblable votre thèse, à éveiller le soupçon. Il ne constitue pas une preuve. Parce que j'utilise les mêmes tournures, les mêmes mots dialectaux qu'un fasciste ne fait pas de moi un fasciste. Les résitants et les collaborateurs d'une même région parlaient la même langue, usaient des mêmes expressions, du même lexique vernaculaire, cela ne les réduisaient pas les uns aux autres.
S'il vous plaît de me convaincre (moi et d'autres), prouvez !
".N'oublions jamais que les intellectuels nazis ont porté une attention soutenue aux propriétés du langage et aux modes d'expression."
Est-ce un crime d'être attentif au langage et à ses propriétés ? Platon le fit autant que les sophistes : se réduisaient-ils les uns aux autres ? C'est l'usage que sera fait des découvertes s'agissant de la puissance du langage qui détermine le camp auquel on appartient.
La suite est à la limite du charabia, même pour le linguiste que je suis :
"Or, en ce domaine, qui peut le plus peut le moins et non l'inverse. Ce qui signifie que le code élaboré peut se barder d'expressions du code restreint sans que la qualité de ses structures soit atteinte."
Soyez plus clair et évitez le vocabulaire technique linguistique que vous ne maîtrisez apparamment pas beaucoup. On dirait du mauvais Barthes. Quelles sont les structures dont vous parlez ? De quel code est-il question ? "Code élaboré" et "code restreint", c'est là un doublet que je n'ai rencontré chez aucun linguiste : éclairez ma lanterne.
Vous adoptez ensuite une posture de mystère étrange : "Seul un oeil expérimenté peut repérer du premier coup la griffe du maître à laquelle il a ajouté la gaucherie de ses domestiques" Qui est cet oeil ? Est-ce vous cet oeil perçant qui sait reconnaître la "griffe du maître" dans les discours des autres ? Si ce n'est pas vous, qui est-ce ? A quoi reconnaît-il la griffe du maître ? Je ne vous ferai pas l'affront de vous expliquer les principes très rigoureux de philologie d'après lesquels on s'efforce d'attribuer un manuscrit ou un texte anonyme à tel ou tel auteur. Aucun philologue sérieux n'excipe de son oeil de lynx. Il y a des principes, une méthode qu'il faut suivre et à l'aide de laquelle on peut ensuite prouver à la communauté scientifique le bien-fondé de son attribution. Vous ne faites rien de tout cela.
La suite continue de verser dans la technique un peu gratuite : "Le procédé est d'autant plus intéressant pour les maîtres qu'ils peuvent exprimer dans un discours qui sera dit ou lu par un autre ce qu'ils ne peuvent exprimer ni dans leur milieu habituel ni dans leurs lieux d'intervention du fait de la censure de champ."
Si je traduis ce que vous dites, cela donne : l'intérêt pour les grands intellectuels d'écrire pour Hitler, c'est qu'ils peuvent y dire ce qu'ils ne peuvent dire devant leur propre auditoire coutumier. En d'autres termes, ils mettent dans la bouche de Hitler leur haine des juifs, leur sentiment belliqueux, leur culte de la race supérieure, etc. parce qu'ils sont empêchés d'exprimer cela dans leurs cours. Mais qui aurait sanctionné un professeur énonçant la même chose que ce qu'énonçaient les discours de Hitler après 1934 et jusqu'en 1945 ? N'est-ce pas plutôt les réserves à propos de la doctrine officiellement raciste et belliqueuse qui mettaient ceux qui les proféraient en danger ?
Expliquez-moi cela. Ensuite, fallait-il aller chercher pour des discours adressés au peuple entier, via la radio notamment, peuple entier composé de nombreuses personnes n'ayant pas un niveau universitaire, les plus brillants des universitaires et surtout les plus abscons. Heidegger, à la lecture de ses textes jusqu'en 1930, est-il l'auteur le plus indiqué pour écrire des discours adressés à tout le monde ? Est-il un auteur populaire, clair, efficace ? J'ai lu que les mouchards nazis qualifiaient son style de "style talmudique", ce qui, dans leur bouche, signifie : compliqué, sans doute menteur, abstrus... En tout cas, pas "deutschlich" qui signifie "clair" en allemand (mais où on entend l'adjectif deutsch : allemand). Je reste donc perplexe à la lecture de vos accusations très lourdes et vos preuves inexistantes.
Vous insinuez ensuite quelque chose : "Ainsi Heidegger pouvait donner libre cours à sa pensée, à ses jugements et à sa haine dans ses letres, toutes choses qu'il ne pouvait pas se permettre à l'université ou dans d'autres cercles publics."
Cette haine, il serait bon que vous en exhibassiez quelques citations... Pour le reste, s'il avait haï les juifs comme vous le laissez entendre, il me semble que sous le régime nazi il eût été au paradis. Car, exprimer sa haine des juifs était la norme et on était à la fête lorsqu'on déchaînait surtout publiquement sa détestation des juifs.
"Les discours prononcés par des tiers où toute référence à l'auteur était dissimulée et bannie lui permettait de s'exprimer en toute liberté sans qu'on sache que c'était lui qui parlait." : Comment l'avez-vous su ? Citez vos sources ! A moins que vous ne fûssiez l'homme l'oeil de lynx qui sait détecter l'indétectable, qui sait voir le caché... un peu comme superman qui voit à travers toutes les matières (sauf le crypton).
"Le discours sur la culture, par exemple, nous révèle la vraie pensée de Heidegger débarrassée des euphémismes et des contraintes de la censure de champ"
Quel discours sur la culture ? A quelle date ? Par qui ? Disant quoi ? Qu'appelez-vousl es contraitnes de la censure de chamt ? L'impossibilité de vomir les juifs à l'université alors que tout le monde fait le salut nazi, que le recteur est nazi, qu'on brûle les livres nazis ?
Vous concluez votre étrange démonstration, étrange parce que conditionnelle dans la mesure où les éléments probants sont reportés en déhors de votre intervention, par cette phrase étrange elle aussi :
"Mais peut-être en avons-nous trop dit pour ceux qui se contentent des illusions de surface et des fausses véritésdu vraisemblable."
Non, Monsieur Bel, vous n'en avez pas assez dit. Vous avez sans doute trop accusé pour le peu de preuve que vous avancez, mais vous n'avez rien dit, rien fait voir. Vous vous êtes contenté de décréter que... sans citer de textes, sans citer de sources, sans avancer de preuves. Votre seule compétence est celle de celui ou celle qui a l'oeil pour voir du premier coup ceci et cela...
Je vous croyais philosophe, je vous découvre médium.
Faute de preuves, le vraisemblable n'est non seulement pas le vrai, mais encore il peut n'être qu'un douloureux fantasme né d'un don de double vue ou d'une double vue née d'autre chose que d'un don !
Cercamon
Rédigé par : Cercamon | 04 juillet 2005 à 19:55
Chers Cercameron et BEl, quel étrange outil utilisez vous qui double vos interventions déjà fort longues.
Lu ce matin dans Libé sous la plume toujours remarquable de Salman Rushdie, quelques mots sur le concept de fait, je vous les livre, tous frais
" Qu'est ce qu'un "fait"? A une époque marquée par des controverses acharnées sur la réalité, ce terme même, ainsi que son parent proche, la "vérité", sont quotidiennement pris d'assault.
"Laisson les faits parler d'eux-mêmes", se plaisent à répéter les historiens, les politiciens et les chroniqueurs. Mais les faits ne parlent pas - ils ont besoin d'être exprimés, et décryptés. Dès lors, conformément au principe d'incertitude cher à Werner Heisenberg, ce qui est observé varie en fonction de l'observateur. Les faits sont donc mouvants, suivant qui les interprète. "
L'auteur poursuit dans cette chronique, une réflexion sur Guantanamo, mais j'ai trouvé que ces quelques mots avaient ici, dans ce débat sur La philosophie d'Heidegger, une certaine résonnance.
Sur ce, chère hôtesse, je retourne à la liste de lectures d'été (et non de vacances, pauvre travailleuse que je suis), que je viendrais déposer bientôt avec une jolie prose sur mes habitudes de lecteuse estivale.
Rédigé par : adeline | 05 juillet 2005 à 11:10
je n'avais pas visité ce blog depuis longtemps et je constate que Monsieur Teitgen qualifie monsieur Bel de pourvoyeur d'"argument d'autorité" et d'"imprécation générale". Monsieur Teitgen essaye de poser ses placards dans de nombreux sites pour que les gens s'habituent à sa vérité. Mais la réalité se moque des prétendues vérités de Monsieur Teitgen. Ce que monsieur Teitgen oublie c'est que la réalité existentielle ne se prouve pas comme un théorème de mathématiques. La preuve ici est l'existence. Nous ne sommes pas sur le même terrain.
Le texte n'est qu'un aspect du comportement global de Heidegger. Et comme il ne s'agit pas ici de prouver si ce que dit Heideggger sur l'"Être" est vrai mais de dire la vérité sur Heidegger, c'est à l'existence globale qu'il faut se référer. L'homme, l'histoire et la porole ne sont qu'un. Monsieur Bel n'a aucun argument d'autorité. Il dit simplement les faits que monsieur Teitgen se refuse à reconnaître. Qu'y pouvons-nous?
En ce qui concerne la vérité de l'Être tout a été dit par Heidegger dans sa lettre à Buchner, c'est du bluff (Essais et conférences p.219-223). Seul le combat prouvera la vérité de ce qu'il dit, a-t-il écrit dans Être et temps. Or il a perdu la guerre et on pourrait dire en toute logique que sa conception pragmatique de la vérité issue en droite ligne de William James lui donne tort. Nous ne le dirons pas car nous ne partageons pas la conception de la vérité de James selon laquelle est vrai ce qui réussit et faux ca qui échoue. L'essence de la vérité est pour nous d'un autre ordre. Ce n'est pas parce que les disciples allemands de Heidegger ont perdu la guerre en 1945 que la conception heideggérienne de l'être est fausse mais parce que son postulat est faux. Et comme un postulat ne se démontre pas on en reste au statu quo et aux convictions inversées reposant sur un regard sur l'être plus ou moins approfondi par l'interprétation de l'étant.
Il n'en est pas de même du personnage Heidegger. Il s'agit ici de prendre la dimension de son oeuvre, sa courbure en quelque sorte, de 1906 à 1976. Et quand on rapporte cette courbure à celle de l'histoire de l'Allemagne on voit se dessiner autre chose qu'une simple production littéraire. Heidegger apparaît comme un Créateur au sens de Nietzsche, ce que confirme intégralement Mein Kampf d'Hitler. Le combat d'Hitler est, en réalité, le combat de Heidegger. Il est caractérisé par un grand amour pour la Germanie et une grande haine pour la Judée. Ce sont déjà les idées qu'il développait dans la revue "Gral" en 1908. En 1908, nous sommes déjà deux ans après le traumatisme de 1906. Ces idées vont prendre une extension colossale dans les années 10 jusqu'à la création du Reich dont la première élaboration apparaît en 1917 dans la conclusion du Duns Scot. Premier manifeste politique Hégéliano-nietzschéen d'importance.
Mais les philosophes français ne veulent pas lire les écrits de cette période de fécondité créatrice, allez donc savoir pourquoi. Les premiers embryons du Reich commencent à apparaître là en 1916/17. Pour être plus précis il faudrait remonter jusqu'aux rencontres de la jeunesse allemande du Haut Meissner près de Cassel, haut fief du pangermanisme en 1913. Les relations de Heidegger avec les mouvements pangermanistes à cette époque sont laissées en friche. Pourquoi? L'antisémitisme de Dilthey, des Comtes Yorck, de Rothacker peu étudiés, pourquoi? Quand monsieur Teitgen aura fait ce travail, il verra que monsieur Bel ne parle pas avec un argument d'autorité mais qu'il s'appuie sur des connaissances précises dont les "sophes" français d'aujour'hui, à quelques très rares exceptions près ne veulent pas entendre parler. Les publications à venir sur Heidegger montreront que Monsieur Bel ne marchait pas à côté de ses chaussures mais qu'il exposait simplement la vérité. A quoi servirait-il d'évoquer ces documents à ceux qui ne veulent pas entendre? Il y en a suffisamment comme ça qu'ils ne veulent pas voir pour qu'on puisse se dispenser d'en donner d'autres. Qui s'intéresse aux rapports de Heidegger avec les chrétiens sociaux de Vienne dans les années 10? Personne! Qui s'intéresse aux rapports de Lueger avec l'impérialisme mystique de Guido List? Personne? Qui sait que le docteur Tomola qui représentait la ville de Vienne à l'inauguration de la statue d'Abraham a Sancta Clara à Kreenheistetten était comme Lueger membre de la société List? Personne. Qui sait que Max Scheler, l'ami intime de Heidegger, était un fervent admirateur de List au point d'exposer une partie de son programme politique à la fin de son livre sur l'homme de ressentiment en 1912 ? Personne. Cette ignorance française des racines du national socialisme explique tous les contre sens qui ont été commis sur Heidegger. Quand se décidera-t-on enfin à publier toutes les lettres de Heidegger au lieu de les garder dissimulées ou d'en extraire quelques unes des lots, par-ci, par-là, pour faire croire que cet Anti-Christ ouvertement déclaré dans de nombreux écrits et cours d'université était un saint Homme?
Meis monsieur Teitgen n'aime pas ces faits-là qui seuls permettent d'interpréter correctement les écrits énigmatiques du machiavélien rusé. Tout comportement paraphrénique est éminemment rusé. Heidegger n'échappe pas à la règle. Seulement voilà, dénigrer Faye ou Bel est tellement plus facile que de chercher la vérité. ça coute moins cher d'abord. Ensuite ça permet de triompher auprès des gens qui ne savent rien ou qui savent un peu. Le vraisemblable a tellement plus de force persuasive que la vérité. Toute révolution galiléénne est difficile. Celle de l'inversion des rapports Heidegger/Hitler plus que toute autre. Mais est-il bien opportun d'offrir des perles ...
Michel bel
Rédigé par : Bel | 24 octobre 2005 à 16:09
Quel malin, ce Bel !
Réfuté ici (Phiblogzophe, République des livres), incapable d'y proposer un seul élément accablant, y avouant son ignorance de l'allemand, partant de tous les textes de Heidegger non traduits (le plus grand nombre), revient ici proposer son délire ; délire qui va jusqu'à emprunter la pose de Jules César consistant à parler de soi à la troisième personne...
Nous verrons en effet, M. Bel, un jour, un jour lointain, celui où vous daignerez produire les pièces dont vous annoncez sans cesse la révélation. En attendant, ni moi ni ceux qui vous lisent n'ont grand chose à se mettre sous la dent sinon vous croire sur parole.
L'étonnant est que ce que vous reprochez à Pierre Teitgen, qui ne cesse lui de citer d'expliquer les citations qu'il propose, ce que vous faites vous-mêmes : fatiguer le lecteur à force de lui imposer vos longs pensums sans logique ni élément sérieux à charge dans le but sans doute d'emporter son adhésion à l'usure...
Je résite encore, un reste de raison sans doute.
Cercamon
Rédigé par : Cercamon | 24 octobre 2005 à 18:18
Quel malin, ce Bel !
Réfuté ici (Phiblogzophe, République des livres), incapable d'y proposer un seul élément accablant, y avouant son ignorance de l'allemand, partant de tous les textes de Heidegger non traduits (le plus grand nombre), revient ici proposer son délire ; délire qui va jusqu'à emprunter la pose de Jules César consistant à parler de soi à la troisième personne...
Nous verrons en effet, M. Bel, un jour, un jour lointain, celui où vous daignerez produire les pièces dont vous annoncez sans cesse la révélation. En attendant, ni moi ni ceux qui vous lisent n'ont grand chose à se mettre sous la dent sinon vous croire sur parole.
L'étonnant est que ce que vous reprochez à Pierre Teitgen, qui ne cesse lui de citer d'expliquer les citations qu'il propose, ce que vous faites vous-mêmes : fatiguer le lecteur à force de lui imposer vos longs pensums sans logique ni élément sérieux à charge dans le but sans doute d'emporter son adhésion à l'usure...
Je résite encore, un reste de raison sans doute.
Cercamon
Rédigé par : Cercamon | 24 octobre 2005 à 19:23
Monsieur Bel joue avec les textes et les faits avec l'habileté du joueur de bonneteau — mais il n'impressionne guère que ceux qui n'ont pas lu grand chose. La façon proprement délirante dont il interprète les textes saute aux yeux de quiconque connaît, même de très loin, l'oeuvre de Heidegger. On n'a pas manqué de le lui dire, et si je n'ai pas été le dernier, je n'ai cependant certes pas été le seul. Mais c'est ainsi : moins celui qui parle sait de quoi il parle, et plus il s'emporte lorsqu'on le lui fait remarquer.
Quant à ses pseudo-références... On va toujours très loin avec ce genre de choses. Qui sait encore que Déat a commencé député SFIO (en 1932), avant de fonder le RNP en 1941? Qui se souvient que Doriot a débuté secrétaire général des jeunesses communistes dans les années 1920, avant de fonder la LVF? Qui se rappelle que le syndicat des instituteurs (à tendance anarchiste) de Marius Nègre, avait en 1910 un certain Pierre Laval pour défenseur, et pour avocat?
Qui surtout se souvient des interprétations délirantes basées sur des hyper- ou des hypotextes, des théories du complot, des influences occultes, qui ont fait les choux gras de l'antisémitisme pendant un siècle, et que M. Bel nous ressert ici à peine réchauffées, avec un aplomb pour ainsi dire stupéfiant?
Monsieur Bel, après avoir traîné dans la boue tous ceux qui avaient la honte de ne pas s'enthousiasmer (au sens propre) pour son délire, aime cependant à prendre l'avantageuse posture du calomnié. Rassurez-vous, Monsieur Bel: comme vous ne ridiculisez que vous-même, il ne se trouvera je l'espère personne pour vous en vouloir. Tout votre être respire même à ce point la médiocrité crasse qu'il faut d'ailleurs faire un prodigieux effort de volonté pour parvenir à vous mépriser.
Maintenant, c'est assez.
Pierre Teitgen
Rédigé par : Pierre Teitgen | 25 octobre 2005 à 23:06
Quel bonheur de vous lire, Messieurs Cercamon et Teitgen!Que voulez-vous? Tout le monde ne peut pas avoir votre intelligence ni votre finesse. Puisse votre idole vous emporter au paradis ou en enfer , à votre choix. Dieu ne cherche pas à convaincre, il attend que les hommes qu'il a créés comprennent. Je fais comme lui. Et que pourrai-je faire d'autre? Heidegger n'est pas un théorème, il ne se démontre pas. Il se montre. Et pour le voir, il faut le chercher là où il est, non dans l'exposition pseudo philosophique où il se cache.
"Toute philosophie est un masque", disait Nietzsche, son maître; vous semblez l'avoir oublié. Avant d'accuser d'ignorance ceux qui ont lu et continuent de lire Heidegger très attentivement regardez d'abord où vous en êtes dans votre lecture. Je crois que vous ne faites guère honneur à la philosophie par vos injures et par vos calomnies. Cela s'appelle l'esprit de critique et non l'esprit critique, m'a-t-on dit.
Entrez donc dans la caverne de Heidegger et respirez avec lui, après son illumination, ce qu'il a secrèrement commandité en progressant "du logos au feu": l'odeur de la viande humaine grillée dans les fours crématoires. Régalez-vous! donc. Mais tout se paye, tout a un prix. Et nous verrons plus tard qui instrumentalise, si c'est vous ou si c'est moi. Lisez donc les commentaires de Trakl et d'Abraham a Sancta Clara qui rendent compte de la Vernichtung (l'anéantissement). Cet anéantissement qui fut exposé par Heidegger ouvertement en 1933, en 1934 et en 1940 notamment. Vous y verrez à l'oeuvre "le feu qui illumine "et "le feu qui consume". Les deux ensemble.
Avant de parler du dé-lire de Monsieur Bel, commencez donc par LIRE, doctes philosophes, et par regarder comment se fabrique l'histoire au pays de Maître Eckhart , de Jacob Böhme et d'Angélus Silesius.
J'ai bien l'honneur de vous saluer, Messieurs.
michel bel
Rédigé par : bel | 27 octobre 2005 à 00:47
C'est difficile de vous suivre... vous allez bientôt occuper tout le net :))
A quand une guerre d'édition sur Wikipédia ?
Rédigé par : Z | 28 octobre 2005 à 21:38
Heidegger a occupé toute l'Europe, pourquoi n'aurais-je pas droit à un bout d'écran? Est-il interdit de communiquer? Ceux qui ne connaissent pas le vrai Heidegger ont le droit de le connaître, vous ne croyez pas? Il est temps d'en finir avec les contre-vérités de Jean Beaufret et successeurs et d'aller aux choses mêmes. M.B.
Rédigé par : bel | 28 octobre 2005 à 22:09
ce n'était qu'une remarque qui se voulait amusante.
Rédigé par : Z | 16 novembre 2005 à 14:11
Monsieur Bel,
Puisque Monsieur Skildy a interropu le débat sur son blog, je viens sur ce blog pour vous redemander, comme je le faisais dans mon dernier message sur le blog de Skildy, de répondre à mon message du 7 octobre, de façon précise. Si vous voulez je peux reformuler en détail mes questions, auxquelles je pense que, malgré l'étendue de vos messages, vous n'avez pas répondu.
Rédigé par : Lemon | 21 novembre 2005 à 13:50
Aragon à fait les louanges de la guépéou et des meurtres de classes, Sartre à caché la vérité sur le totalitarisme en URSS et sur le goulag, faut-il les interdires?
Que ça plaise ou non, Heidegger, Scmitt et junger, sont de grandes figures du XXéme siècle, dans leurs domaines.
Rédigé par : Sinclair | 02 octobre 2007 à 11:50
Pierre Teitgen, professeur de philosophie de seconde zone, pauvres elèves obligés de supporter un professeur si mauvais ...
Rédigé par : Jean_POL | 14 novembre 2010 à 19:26
Excusez-moi monsieur Jean_POL mais je ne pense pas que vous soyez en position de juger les cours donnés par Monsieur Teitgen. A moins que vous ne l'ayez eu comme professeur... et si c'est le cas, mais permettez-moi d'en douter, sans doute n'y avez-vous pas prêté l'attention qu'ils méritent.
Rédigé par : J.L. | 24 décembre 2010 à 16:35