Erwan Desplanques attire cette semaine l’attention des lecteurs de Télérama sur une nouvelle tendance du merchandising de l’édition. On connaissait la vente couplée de journaux et de « produits culturels », DVD ou livres, pour doper les ventes d’une presse à l’agonie. Dernière nouveauté sous le soleil de votre été, « un livre, un bob ». Le très sérieux Livres Hebdo en faisait même la première de couverture de son numéro du 13 mai : « un bob réversible offert par l’achat de 3 folios. » ! : « Pour le frisbee, choisissez plutôt deux ouvrages de la collection Tipik. Et pour le minibaladeur, visez Bayard ou Pocket. L’été dernier, Gallimard se fendait d’une natte de plage, Magnard, d’un sac-bouée, et le Seuil, d’une paire de tongs violettes » ironise Desplanques. Pour ceux qui ne le croyaient pas encore, l’édition est bien une branche de l’entertainment, nom donné à l’industrie des loisirs ! L’idée d’associer un livre à un objet est en vogue.
Ainsi, sur le blog Un livre, un objet, on marie allègrement l’essai d’Alain de Botton sur Proust… à une boîte de madeleines, un roman de Kureishi à un string ! On peut acheter les livres en ligne… Quant aux produits associés, leur lieu de vente est précisé !
De telles initiatives sont annonciatrices de la manière dont pourrait bien évoluer la vente de livres dans les années à venir. André Schiffrin, qui vit aux Etats-Unis, écrivait il y a déjà quelques mois dans Le Contrôle de la parole : « A New York, le Barnes and Noble de mon quartier, dans l’Upper West Side, zone à forte concentration d’acheteurs de livres, présente un choix de chocolats Godiva près des caisses. On y trouvera sans doute d’autres produits qui rapportent plus de dollars par mètre carré, critère ultime. Au moment où les hypermarchés français constatent que les livres et les CD peuvent être des produits rentables, les chaînes de livres américaines découvrent les attraits des produits alimentaires !De plus en plus, les livres sont vendus par des commerciaux et non par des libraires et les règles qui s’appliquent aux lessives et aux chaussettes sont étendues aux livres et aux disques. Peut-être verra-t-on bientôt des éditeurs louer des espaces dans les grandes surfaces, comme Chanel et Dior dans les grands magasins du monde entier. »
Juste un petit lien intéressant sur le bazar de droits d'auteur, justement de ces "cadeaux DVD-video" de ces maison d'édition-production-téléphonie mobile-maçonnerie et autres chapelles de l'image ou du son ici dans Libé.
Rédigé par : dash | 23 juin 2005 à 10:14
et comme ça fait longtemps que je n'ai pas étalé de caractères ASCI sur de l'html du Coq et de l'Ane, je rajoute que le titre de votre chronique, "Et avec ça? Ce s'ra tout" est une des chansons d'un de mes groupes préférés du moment,Java, écoutable ici et bien sûr là
Rédigé par : dash | 23 juin 2005 à 10:25
Les politiques commerciales de l'édition n'ont quand même pas grand chose à voir avec le bien modeste blog un livre un objet...
Et puis ses promotions ne sont pas récentes. 10/18 ou La Pléiade notamment en sont des spécialistes. Le cadeau change (boîte de thé, album...), mais l'intention reste la même, non ?
Rédigé par : Hubert | 29 juin 2005 à 15:43
Je n'ai rien contre ce blog, comprenez-moi bien ! Je pense seulement qu'il épouse une conception du livre vu comme un objet de consommation. Peut-être que l'inverse me séduirait davantage : imaginons qu'on joigne à l'achat d'un string un volume des Liaisons dangereuses ou de Thérèse et Isabelle... Histoire de donner de l'âme aux objets inanimés.
Rédigé par : Eli Flory | 29 juin 2005 à 16:09
Ca viendra :)
Rédigé par : Hubert | 29 juin 2005 à 16:31