Christine Ferniot, du magazine Lire, avait déjà mis en garde ses lecteurs au mois de mars dernier : « Etre refusé par un éditeur est une douleur. Voir son manuscrit revenir avec une lettre type, un cauchemar. Cependant, certains escrocs en profitent pour se glisser dans la faille et proposer une édition à compte d'auteur. Aucune loi n'interdit de publier à compte d'auteur, et, si cette loi existait, elle serait liberticide. Mais il faut être d'une prudence extrême et considérer avec attention les prix souvent scandaleux qui sont demandés pour une édition à compte d'auteur qui ne dépassera guère les 50 ou 100 exemplaires, peu diffusés et édités à grands frais pour l'auteur (jusqu'à 3 000 euros, alors que, pour le même coût, il peut s'autoéditer à 2 000 exemplaires). » L’avantage, quand on appartient au même groupe de presse – en l’occurrence celui de la Socpresse, dirigé par Dassault - c’est qu’on peut se refiler les articles. Cette semaine, c’est donc Mohamed Aïssaoui, du Figaro littéraire, qui traque l’escroc sommeillant en chaque éditeur à compte d’auteur. La démonstration est simple :
Envoyez à ce type d’éditeur le manuscrit de Madame Bovary, après avoir pris soin de débaptiser Emma (Rebecca ou Barbara fera l’affaire), attendez pendant une semaine la lettre qui vous annoncera que votre manuscrit a été retenu pour ses qualités littéraires. Un tel courrier suffira à prouver que le fameux comité de lecture n’a pas pris le temps de vous lire, sinon vous auriez été démasqué, affreux plagiaire… De toute façon, si vous aviez été lu, vous auriez été refusé, comme ce fut le cas il y a quelques mois quand des maisons d’édition dites prestigieuses avaient retourné à l’envoyeuse le manuscrit des Chants du Maldoror. Ainsi tiendrez-vous la preuve que ces éditeurs ne sont mus que par l’appât du gain et que texte qui leur est soumis ne les intéresse pas : « Justement, la différence est là : d'un côté, une maison d'édition classique prend le risque d'investir son argent, et rémunère – si modestement que ce soit – un auteur en qui elle croit ; de l'autre, un commerçant, qui n'a d'éditeur que l'étiquette, exige d'être payé avant de publier (en fait, il conçoit et propose une maquette et se borne à faire imprimer). «Dès lors qu'il y a une participation financière, même partielle, de la part de l'auteur, cela ne peut pas constituer un contrat d'édition ; ce n'est ni plus ni moins qu'une prestation commerciale», affirme Guillaume Marsal, responsable juridique de la Société des gens de lettres (SGDL). » Pour le reste, l’article est plutôt bien mené et finit sur un conseil plein de sagesse : préférez à l’édition à compte d’auteur la solution de l’auto-édition. L’ouvrage de Jean Guénot est vanté et vous servira de vade-mecum dans la jungle du milieu éditorial. On peut aussi se référer à l’ouvrage de Lorenzo Soccavo, Editer mon livre. Au sujet de l’édition à compte d’auteur, il écrit : « Cette forme d’édition est souvent l’objet de dérives. Elle peut laisser un goût amer, l’impression de s’être fait rouler dans la farine, d’avoir délégué à tort et parfois pour un prix élevé des tâches que l’on aurait pu exécuter soi-même. Une édition à compte d’auteur revient souvent plus cher qu’une auto-édition. Le coût peut varier facilement du simple au double pour l’auteur. »
Et pour ceux et celles qui ne seraient pas encore convaincus, qu’ils se reportent toutes affaires cessantes au post de Christian Cottet-Emard, daté du 31 mars. L’écrivain narre, « dans un but pédagogique », ses mécomptes de jeune auteur. Sa fable, Le requin et le pigeon, dénonce les agissements de Barbapapus, éditeur véreux…
Merci de retranscrire ce genre d'information. Les jeunes auteurs naïfs dont je fais partie sont des proies priviliégiées pour ce genre d'escrocs. J'aimerai bien que l'un d'eux soit confiés, non pas quand je suis auteur mais dans le cadre de mon activité professionnelle.
Fred de Mai
Rédigé par : Fred de Mai | 14 juin 2005 à 18:10
Je viens de m'apercevoir, avec effroi, que le post consacré à l'édition à compte d'auteur a influé sur les liens Google, dans la colonne de droite ! Sont vantées les maisons d'édition que je dénonce ! C'est absurde !
Rédigé par : Eli Flory | 17 juin 2005 à 16:14