Dans sa chronique hebdomadaire du Monde 2, Pierre Assouline profite de l’actualité de la petite balle jaune pour rappeler que « peu après la déclaration de guerre en 1939, le gouvernement Daladier prit des mesures pour isoler des étrangers vivants en France. » Ainsi des centres sportifs ont été réquisitionnés : Colombes, le stade Buffalo, le Vél d’Hiv, les écuries de Maison-Laffitte et… Roland-Garros. Etrange coïncidence, le Matricule des Anges consacre ce mois-ci un article au premier tome du Journal de Mireille Havet, qui couvre la période de 1919 à 1924. Elle y confie, entre autres choses, avoir été la maîtresse de la jeune veuve de l’aviateur Roland Garros, Marcelle Garros.
On avait découvert cette adepte des amours féminines et du sybaritisme en 2003, grâce à l’éditrice Claire Paulhan et à son « coup d’essai destiné à présenter en douceur Mireille Havet au lectorat français. » Celle qui faisait fi de toutes les conventions se moqua aussi de la grammaire, à faire hurler de rage tous les censeurs. Ainsi, à la page 34 du Journal qui couvre la période de 1918-1919, on lit cette phrase : « Malgré qu’elle m’ait annoncé sa timidité violent, elle a parlé presque tout le temps. » Le grammairien Grévisse, quelque vingt ans plus tard, dira : « Malgré que au sens de « bien que, quoique », est proscrit par Littré, par Faguet (…) et par les puristes. Cette locution, très fréquente dans la langue familière, pénètre de plus en plus dans l’usage littéraire. » Gide écrira dans Incidences : « J’ai écrit avec Proust et Barrès, et ne rougirai pas d’écrire encore : malgré que, estimant que, si l’expression était fautive hier, elle a cessé de l’être. Elle ne se confond pas avec bien que, qui n’indique qu’une résistance passive ; elle indique une opposition. »
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