Frédéric Stauss, de Télérama, consacre un article très intéressant aux adaptations cinématographiques de romans. Il rappelle justement que cette pratique, malgré son caractère mercantile, est très en vogue depuis la naissance du 7e art : « A peine né, le cinéma nouait déjà des relations avec la littérature, rappellent tous ces éditeurs, soucieux de valoriser une tradition un peu oubliée. Car, aujourd'hui, l'adaptation pourrait passer pour un filon commercial. Dans une économie du livre fragilisée, la vente des droits audiovisuels est en effet une affaire digne d'intérêt : elle ne représente pas d'investissement supplémentaire pour l'éditeur, qui peut tabler sur une relance des ventes du livre porté à l'écran. Ce double bénéfice redonne de l'élan aux adaptations. » Si « la pratique vient de Hollywood, où les adaptations sont le nerf du cinéma », « reste que les producteurs français manquent souvent de curiosité littéraire. » Ainsi les éditeurs se muent en parfaits commerciaux, contraints de peaufiner un argumentaire vendeur, le pitch : « Pour partir à l'assaut du cinéma, l'arme des gens de lettres est évidemment l'histoire. Véritable Graal, sésame du succès d'un film, à en croire beaucoup d'experts. Aujourd'hui, ils « pitchent » donc les livres pour en extraire la substantifique fiction, c'est-à-dire qu'ils en résument le propos en trois lignes, preuve qu'ils tiennent une idée forte. » Dans ces conditions, l’expression de « représentant des Lettres françaises » peut être lue sous un nouvel éclairage !
Le magazine TOPO du mois de juillet, outre l’article consacré aux liens entre Houellebecq et Lovecraft – qui change de tous ces articles convenus sur l’homme plus que sur l’écrivain - publie un dossier sur Tim Burton et Roald Dahl, à l’occasion de la sortie du film Charlie et la Chocolaterie. Dans la bouche de Christine Baker, directrice éditoriale chez Gallimard jeunesse, on apprend que « Mme Dahl en personne a choisi Tim Burton pour réaliser ce film »
A l’affirmation de Tibo Bérard, « Dahl allait aussi fouiller les contes et les mythes pour les adapter et en faire des « funny stories » très modernes », Christine Baker renchérit : « II aimait surtout les détourner, puis en faire des poèmes ou des contes féroces. Il adorait les grosses blagues scatologiques, les détournements désopilants. »
Pas étonnant alors que Mme Dahl ait reconnu les affinités partagées entre son défunt de mari et le réalisateur américain. Dans le recueil de contes illustré que Tim Burton avait écrit en 1998, La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires – on trouve ce genre de poèmes :
« Regardez, c’est une boîte à surprises,
dit l’un des garçons. On la brise,
en deux on la divise,
à nous jouets et gourmandises ! »
D’une batte de base-ball ils s’emparèrent,
et d’un terrible coup ils lui fendirent la tête .
L’Enfant Momie tomba par terre.
Mort, en fait.
Dans le crâne ouvert,
ni surprises ni bonbons,
Mais quelques coléoptères
de diverses dimensions.
« Look, it’s a piñata »
said one of the boys,
“let’s crack it wide open
and get the candy and toys.”
They took a baseball bat
And whacked open his head.
Mummy Boy fell to the ground ;
he finally was dead.
Inside of his head
were no candy or prizes,
just a few stray beetles
of various sizes.
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