J’ai souri en lisant le post de la Muselivre, titré « Copies certifiées conformes, c’était bien la peine de publier 680 bouquins » et daté du 20 septembre. J’ai compté à mon tour : pour les 105 candidatures offertes par les prix Médicis, Renaudot, Interallié, Goncourt, Fémina et Flore, seulement 63 noms d’écrivains différents : Christophe Donner et Régis Jauffret sont nommés pour quatre prix différents, Michel Houellebecq, Jean-Philippe Toussaint et Charif Madjalani pour trois… A l’exception des Editions de Minuit, maison d’édition plus confidentielle, on retrouve le quarteron habituel : Grasset, Gallimard, Seuil et Fayard.
Où l’histoire devient amusante, c’est lorsqu’on s’aperçoit, à la lecture de l’enquête réalisée par Clarisse Normand (Livres Hebdo, 23/09/05) auprès de 200 librairies, que le choix des libraires diffère de celui des jurys : c’est Philippe Claudel qui emporte, qui n’est pour l’instant sélectionné nulle part. Christophe Donner n’est même pas dans la liste des 40 écrivains plébiscités. Houellebecq, Toussaint, Jauffrey, Madjalani, quant à eux, n’arrivent respectivement qu’en 12e, 13e, 16e et 40e positions.
Attendons la fin de la semaine pour voir si les sélections du prix Décembre et du prix de l’Académie française modifieront la donne…
Un auteur n’est pourtant pas à la fête : Orhan Pamuk, sélectionné dans la liste du prix Médicis (domaine étranger) et récompensé il y a quelques mois par le Prix de la paix, décerné par les libraires lors de la Foire du livre de Francfort. Cette semaine, Annie Favier, de Livres Hebdo, revient sur l’affaire : l’écrivain turc, publié en France chez Gallimard, risque quatre ans de prison pour avoir déclaré dans un journal suisse « qu’un million d’Arméniens et 30 000 Kurdes avaient été tués au cours du XXè siècle en Turquie. » Le procès est fixé à la date du 16 décembre. Une pétition circule, un de ses premiers signataires est Régis Jauffret. Décidément, il est partout…
Pour plus d’infos sur les prix littéraires, on peut cliquer ici
Le choix des libraires me rend toujours un peu perplexe. N'ont-ils pas une boutique à faire rouler ? Si tout le monde s'entendait sur un seul livre, on en vendrait peut-être moins. Sortir des sentiers battus, mettre en lumière une sélection plus diversifiée, il me semble que c'est le gage de tous bons libraires affairés.
Rédigé par : Marie | 26 septembre 2005 à 14:15
Certes, mais l'intérêt des "libraires affairés" n'est-il pas justement de pousser les ouvrages qui se vendent déjà pas mal, afin qu'il se vendent (beaucoup) mieux, plutôt que de sortir des livres confidentiels, pour le seul mérite, certes louable mais peu rentable, de les sortir de l'anonymat?
C'est d'ailleurs l'argument qu'opposent les éditeurs à leurs auteurs qui demandent timidement pourquoi ce sont les "grosses machines" déjà performantes qui bénéficient des pleines pages (et même des demi-pages et des quarts de page) de publicité dans les journaux.
Je ne parle évidemment pas de tous les libraires - si tout le monde faisait ça, on aboutirait rapidement à la vente non pas à prix unique, mais à livre unique - et foin de tous ces stocks d'invendus et de palettes à retourner aux éditeurs !
Rédigé par : Ramsis | 26 septembre 2005 à 14:42