Via Zazieweb, on apprend la création d’un site consacré à Renée Vivien (1877-1909), « poétesse parnassienne de la Belle Epoque. » Sa vie, ses goûts et couleurs, ses amours, le Paris littéraire, la critique, ses poèmes, sa correspondance, une bibliographie, des liens… sont autant de portes d’entrée pour se familiariser avec son œuvre.
Proche de l’écrivain Colette, on peut retrouver les traces de Renée Vivien dans Le Pur et l’impur, récit de Colette paru en 1932 chez Ferenczi sous le titre de Ces Plaisirs…, réédité en 1941 par les Editions "Aux Armes de France" avec le titre du Pur et de l’impur. Intitulé qui fera fortune, donné au colloque de Cerisy consacré en 2001 à Virginia Woolf.
Que dire de ce livre que Colette considérait comme son meilleur, longtemps occulté par la critique littéraire ?
Il faudra attendre le 20 janvier 1973 que sorte dans Le Figaro littéraire un article signé Jean Chalon, "Colette centenaire et révolutionnaire", pour observer le volte-face de la critique à l’égard de Colette. Le propos de Chalon est de démontrer la modernité de son œuvre en la mettant en parallèle avec les mouvements sociaux qui marquent ce début de décennie : " Il ne faut pas avoir honte d'aimer Colette sur qui pèse la plus stupide des accusations : "Elle est démodée". Accusation qui ne pèse sur rien ou pire : une méconnaissance complète de ses œuvres. (...) Ces dames du Mouvement de libération féminine n'ont pas inventé grand chose. Colette, à sa façon, s'était libérée et avait montré à ses sœurs infortunées le chemin à suivre à une époque où la désertion conjugale, c'était "une idée énorme et peu maniable, encombrée de gendarmes, de malle bombée, de voilette épaisse, sans compter l'indicateur des chemins de fer. " (...) Qu'attendent donc les militantes du MLF pour élever une statue à Colette qui, dès La Vagabonde, en 1910, affirmait allègrement la supériorité de la femme sur l'homme ?"
Que dire alors de l’écriture enchanteresse de cette très grande dame, dans le Pur et l’impur ? L’élégance du plein et du délié est mise au service d’une profondeur de vues et d’un humour rares pour parler de ceux et de celles qui "sécrètent au jour le jour leur propre morale", Don Juan, "femmes damnées" et "garçons perdus" de tous genres…
"Ce livre qui tristement parlera de plaisir", écrit par une Colette qui vise "le véritable hermaphrodisme mental" ressuscite les figures aimées du passé, de Marguerite Moreno à Francis Carco, en passant par Renée Vivien et Edouard de Max. Imbriquées dans la chronique mondaine, des réflexions existentielles sur les relations entretenues par les hommes et les femmes, ensemble, séparément, appariés au même sexe. Mais aussi, en filigrane, des allusions qui montrent que chez Colette, qui guette chez la femme ce qui "verse du sexe officiel au sexe clandestin", la vie et l’œuvre sont inextricablement liées.
Au regard de ces femmes qui singent la mode masculine pour mieux affirmer leur différence, la merveilleuse ébauche d’un roman d’amour, constituée par les pages retrouvées du Journal d’Eleanor Butler, enfuie dans sa prime jeunesse avec Sarah Ponsonby, au grand dam des leurs, pour mourir dans ses bras soixante plus tard : "Une femme qui reste une femme, c’est un être complet. Il ne lui manque rien, même auprès de son "amie", […] "le diamant se polit au diamant".
On lira avec profit l’article sur ce livre, paru dans les Gay&Lesbian Studies
Chère Eli,
Il aura fallu plus d'un an pour que Zazieweb repère une information que j'avais communiquée, le 11 décembre 2004, sur Terres de femmes. J'y mentionnais le site de Cristie Cyane, mais aussi, bien évidemment, celui de l'Académie Renée Vivien, dont le siège se trouve à Amiens.
En fait, ce site de Cristie Cyane n'est pas nouveau; seule l'adresse URL est nouvelle.
http://www.vivien1900.com s'est transformé en http://www.reneevivien.com/
Rédigé par : Angèle Paoli | 05 janvier 2006 à 04:33