Le 22 février 1864 naissait l’écrivain Jules Renard, celui qui, pour beaucoup, n’est que le père de Poil de Carotte… Il est pourtant aussi un diariste talentueux, même si son Journal n’est plus lu. Un de ses plus fervents lecteurs s’appelle Michel Polac, qui a ceci de commun avec maître Renard, qu’il est connu pour ses prestations télévisuelles mais ignoré pour son magnifique journal.
Polac lit Jules Renard en juin 1980, quelques mois avant qu’on ne l’appelle pour présenter Droit de réponse. Il consigne dans son Journal, au sujet de Renard, ses impressions et critiques. Polac est un lecteur difficile mais au final conquis.
« Après l’avoir lu plusieurs fois au hasard des pages, je lis Renard en commençant par le commencement. Je me prends à le détester (tout en l’adorant pour un éclair génial d’introspection ou de psychologie de l’homme ou de la nature, car il y a dans sa description de la nature ou des animaux une sorte de vérité psychologique plus que naturaliste, la matière transformée en esprit : « le sentiment de la nature ») Oui, je déteste son incompréhension de la musique et de la peinture. Je déteste sa peinture des écrivains. « Il n’y a que le bourgeois pour haïr le bourgeois », dit-il. Mais pour haïr l’écrivain, il n’y a que l’écrivain. »
« Continué Jules Renard. Hélas ! Autant j’admire une page lue au hasard (car il n’en est pas une où on ne trouve au moins une subtile notation), autant je déteste la mesquinerie quotidienne dabs l’univers de ce petit-bourgeois des lettres si français.
Moi aussi, je m’irrite – et perds mon temps à m’irriter – de la stupidité de nos cercles littéraires, mais, enfin, pas au point d’en remplir des pages et des pages, de noter les comptes d’apothicaire de ces écrivains jaloux des droits d’auteur de Zola, de noter les vacheries des uns sur les autres. Aujourd’hui cela voudrait dire tenir mon journal sur Nourissier, Bastide, Poirot-Delpech, Lanoux, Sollers, Barthes, Debray, Lévy etc. À quoi bon ? »
« J’aurais aimé avoir écrit le Journal de Renard mais à condition de le publier moi-même – posthumement – en extrayant la quintessence »
Pour lire en ligne le Journal de Jules Renard, c’est ici
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