« Les pédés au bûcher, les goudous à l’égout »… Ce cri de ralliement, qui avait rassemblé des milliers de crétins lors des manifestations anti-Pacs, en 1999, avait eu le mérite de secouer l’opinion publique en donnant à voir l’homophobie et la lesbophobie rampante à l’œuvre dans la société française. Alors, Marina Tsvetaeva, Colette, Vita Sackville-West, Virginia Woolf, Susan Sontag, Marguerite Yourcenar, Simone de Beauvoir, Nina Bouraoui, Renée Vivien, Eleanor Roosevelt, Violette Leduc, Hélène Cixous, à l’égout ?
Que viendraient faire, me direz-vous, les affaires de chambres à coucher sur le devant de la scène publique ? L’objection est juste, si ce n’était que ce qui se passe parfois la nuit, au fond des plumards de chacun , donne au petit matin de drôle d’idées aux amants et aux amantes: s’unir, élever des enfants, acheter un toit pour couver ses amours... Et là, en France, commence le parcours des combattants et des combattantes !
Scène : Au début du siècle dernier, une jeune fille s’était fiancée à une autre…. Leur union avait été rendue possible par le fait que l’une d’entre elles aimait s’habiller en homme. La supercherie découverte, l’affreuse tribade, qui avait osé singer les hommes, fut conduite tout droit à l’asile d’aliénés. Pour la guérir de son vice affreux, on la somma de revêtir des habits féminins. Les choses ainsi finiraient bien par rentrer dans l’ordre. Mais fait extraordinaire, les médecins retrouvèrent, une nuit, la compagne de celle-ci pendue à son cou, égarée par la joie de l’avoir retrouvée. La stupéfaction des « médecins de l’âme » est ici impossible à décrire : comment une jeune femme, qui avait été si indignement trompée, pouvait aimer encore l’odieuse travestie ? Sa réponse ne se fit pas attendre « Ah ! voyez-vous monsieur le Docteur, je l’aime, que voulez-vous et je ne peux pas faire autrement »
« Je l’aime et je ne peux pas faire autrement ! » Voilà le seul cri de ralliement qui vaille et qui ait droit de cité…
Aujourd’hui 17 mai, 2e journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la lesbophobie, réfléchissons…
Pour plus d’infos :
Aux hommes et aux femmes de la "société civile", la seconde guerre mondiale aurait du apprendre ceci, depuis des lustres : qu'il faut "punir" les bourreaux, les faire souffrir, leur apprendre leur propre violence, afin de les éduquer. Alors tant que les homos (auxquels je n'appartiens pas) et lesbiennes n'iront pas dans la rue pour proclamer, même pour rire, "les cons au bûcher, les hétéros à l'égoût" ou quelque chose comme cela, les malades mentaux qui s'autorisent ce genre de slogans et de menaces ne comprendront rien. Se-défendre, c'est tout un art..., et je trouve que les homosexuel(le)s ne sont pas toujours très doués pour cela. Car il y a longtemps qu'on devrait avoir énoncer un certain nombre de principes qui "prouvent" que "l'homosexualité" ne peut être un mal puisqu'elle n'existe pas... (en effet, je ne crois pas qu'un mâle aime un mâle parce qu'il est un mâle, idem pour les filles, sinon, ils et elles pourraient vivre et aimer n'importe qui, et que je sache, les couples homo reposent sur la même affection que les couples hétéros)...
Rédigé par : grellety | 19 mai 2006 à 17:53
Sur ce blog, la réflexion n'a que rarement été aussi acerbe et l'argumentation intelligente. C'est assez époustouflant.
Rédigé par : Une claque d'intelligence | 27 mai 2006 à 20:32
Chère Eli,
Si ces cris avaient vraiment été le mot d'ordre de la manifestation, j'aurais été choqué comme vous, seulement, ce ne fut pas le cas. Je ne fus pas personnellement présent à cette manifestation, je dois donc m'en remettre, comme vous je le suppose (je vous imagine mal à cette manifestation), aux témoignages de la presse. Or, si nous ouvrons le journal le moins soupçonnable de complaisance à l'égard d'une telle manifestation, "Libération", nous lisons la chose suivante le 1er février (lendemain de la manifestation du 31 janvier) : "Le discours des uns et des autres s'en tient à la stricte défense des valeurs familiales, évitant les dérapages homophobes."
Trois jours plus tard, des articles sortent affirmant que la manifestation fut homophobe et inventent des mots d'ordre proférés par la foule. Qui croire ? Il est difficile d'imaginer que de tels slogans aient échappé au journaliste de Libé, plutôt à l'affût du dérapage ; par contre, il est facile de transformer une manifestation au caractère conservateur, voire réactionnaire, en une foule haineuse.
Je connais des gens qui manifestèrent et je les imagine mal hurlant des slogans de haine, devant leurs jeunes enfants, sachant qu'ils ne profèrent jamais de messages haineux.
L'article qui chercha le premier à traverstir la manifestation fut publié dans l'Evénement le 4 février et affirme que les manifestants étaient réunis "pour dire leur haine des pédés, des anormaux, des atypiques, de tout ce qui n'est pas conforme." Nous sommes là dans le fantamse pur et simple. Christine Boutin, dont je ne partage pas toutes les positions, est sans doute la députée en France qui fait le plus pour les handicapés et les trisomiques dans un silence criminel. Le journaliste, on le voit, emporté par son fantasme (il n'imagine pas qu'on pût, pour diverses raisons être hostile au pacs sans être hostile aux homosexuels (et tant qu'on y est à d'autres personnes dont les "anormaux", mettant, dans son fantasme, les homosexuels dans la catégorie des anormaux)). Je l'avoue, ce fut mon cas. Je trouvais le pacs hypocrite, car il abordait une question difficile (celui de l'héritage entre homosexuels essentiellement) en l'applicant aussi aux hétérosexuels, qui n'en avaient pas besoin. Lorsque je fus à l'IUFM, je vis que tous se pacsaient les uns avec les autres pour obtenir les points d'affectation, faisant de gens honnêtes comme moi de véritables pigeons. Je ne suis pas sûr que les homosexuels aspiraient à permettre ces dérives. De plus, le pacs est une régression de civilisation, car c'est une remise en cause de la notion de contrat, puisqu'il n'engage quasiment à rien : la civilisation (quelle qu'elle soit) est fondée sur le contrat et ses contraintes. Il aurait fallu, par respect pour les homosexuels aussi, créer un VRAI contrat, qui oblige les deux parties et non cette parodie qui se dissout aussi vite qu'il se contracte.
Chère Eli, il y a suffisamment des cas où l'homosexualité est source de vexations, d'insultes, voire de violence, pour ne pas colporter un fantasme de journalisme qui n'a aucune réalité historique. Comme critique littéraire, vous devez être plus rigoureuse et plus exigeante avec l'exactitude.
C'est cette qualité que j'apprécie chez vous en général lorsque vous lisez la presse et les oeuvres. Par pitié, ne la perdez pas !
Bien à vous
Cyril
Rédigé par : Cyril | 10 juin 2006 à 09:20
Ah la gauche, ce besoin de mentir, toujoutrs mentir... Ce slogan avait été lancé par des provocateurs (qui s'étaient avéré être des gens de gauche...) qui se sont fait dégager à coup de pieds dans le cul par les organisateurs.
Mais quand on lance des slogans appelant à l'extermination des catholiques dans les manifs pro-IVG, on ne vous entend plus là...
Rédigé par : Enzo | 30 juillet 2006 à 09:07