Paul-François Paoli, dans la dernière livraison du Figaro littéraire, est le héraut du SOS lancé par des femmes et des hommes de lettres aux candidats à la présidentielle : il faut sauver la littérature à la télévision, menacée de disparition. Le magazine des Livres, qui avait fait de cette question le sujet de l’un de ses dossiers (« La télévision fait-elle lire ? », Janvier-Février 2007), dressait le constat suivant : « Année après année, la part réservée aux livres dans la presse écrite se réduit comme une peau de chagrin ; à la télévision en revanche le livre est partout. Les émissions culturelles, les magazines d’information ou de divertissement possèdent toutes leur rubrique littéraire. Du matin au soir, en semaine comme le week-end, la télévision parle de " livres ", sans qu’elle ne traite pour autant de littérature. Le sensationnel est plébiscité aux dépens de la littérarité de son objet. » P.F Paoli, qui relaie les doléances des écrivains, au nombre desquels on compte Pierre Assouline, Edmonde Charles-Roux, Jean Malaurie, Alain Rey, Jean Rouaud ou Martin Winckler, souligne leur souhait que « soient installés " aux heures de grande écoute, des portraits d'écrivains, des entretiens, voire des émissions de plateau véritablement dédiés à la littérature " où des écrivains pourraient parler de leurs livres, sans sensationnel ni scandale. » À quand des émissions littéraires à la hauteur de ce que furent « Un siècle d'écrivains », « Apostrophes », « Océaniques ?
« Seront-ils écoutés » ? s’interroge Paoli… À voir !
« Le Salon du livre a eu nettement moins de succès auprès des " politiques " que celui de l’agriculture. » notait Christine Ferrand avec un brin d’ironie, au moment où la grand-messe annuelle du livre fermait ses portes. (Livres Hebdo, 30 mars 2007) Seuls François Bayrou et José Bové avaient fait le déplacement jusqu’à la porte de Versailles. La semaine précédente déjà, l’hebdomadaire des professionnels du livre regrettait que, sur les dix demandes adressées aux candidats, afin de mieux connaître leurs positions sur la politique du livre à mener, six d’entre eux seulement aient fini par répondre, après des « demandes répétées ». Ainsi, malgré un consensus heureux autour des problèmes rencontrées par la librairie, tous sous-estimaient, d’après Christine Ferrand, le « combat à mener pour redonner au livre toute sa place dans notre société » : « Certains misent sur l’école, d’autres sur les bibliothèques. L’imagination n’est pas vraiment au pouvoir. » À cette apparente indifférence, Anne Favier trouvait une explication : « Si le livre n’apparaît jamais comme un thème de campagne, peut-être est-ce aussi parce qu’il n’est pas un sujet de débats contradictoires. » (Livres Hebdo, 23 mars 2007)
Que disent alors les professions de foi de nos douze candidats, parvenues avant-hier dans la boîte aux lettres des Français et Françaises ?
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