Le 3 décembre 2007, s’affiche en couverture de l’édition européenne du Time, un triste Bip au béret so frenchy, qui regarde une fleur s’étioler… En guise de légende, un titre choc : « The Death of French Culture ». Au terme d’un article de sept pages, le journaliste Don Morrison conclue au déclin accéléré de la culture française. Le french paradox ? : «Personne ne prend la culture plus au sérieux que les Français, écrit-il, (...) mais il y a un problème. Tous ces grands chênes qu'on abat dans la forêt culturelle française ne font guère de bruit dans le vaste monde. » Le prix Nobel de littérature, décerné à J.M.G Le Clézio le 9 octobre dernier, sonnait alors comme une revanche, d’autant plus que le secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise, Horace Engdahl, n’avait pas caché, dans un entretien exclusif accordé à l’Associated Press, son désaveu de la littérature américaine contemporaine : «Les Etats-Unis sont trop isolés, ils ne traduisent pas assez et ils ne participent pas au dialogue des littératures. Cette ignorance les restreint», prétendait-il avant de rajouter : «Il y a des auteurs forts dans toutes les grandes cultures mais vous ne pouvez pas écarter le fait que l'Europe est encore au centre du monde littéraire... pas les Etats-Unis». Selon lui, les auteurs de l’Amérique d’aujourd’hui ne s'écartaient pas « suffisamment de la culture de masse qui prévaut sur leur continent». Outre-Atlantique, les réactions outragées ne s’étaient pas fait attendre, ainsi que le relatait l’hebdomadaire britannique The Guardian. Quel crédit accorder à une institution qui a manqué Proust, Joyce et Nabokov, persiflait David Remnick, le rédacteur en chef du New Yorker ?
Ailleurs, Toni Morrison, dernier écrivain américain récompensé du Nobel, en 1993, regrettait que le prix ne soit allé à Philip Roth, avant d’avouer sans honte, au sujet de Le Clézio, qu’elle ne savait pas « qui était cet homme ». Une ignorance qui en rappelle une autre, lorsque dans les années 90, Pantheon, la maison d’édition d’André Schiffrin, fondée par son père, avait été rachetée par Random House. Très rapidement, on y met à sa tête un certain Alberto Vitale, qui a débuté sa carrière dans la banque. Vitale est présenté à Schiffrin comme un homme sensible et cultivé. Mais sa réputation est vite sapée par son insistance à répéter qu’il est bien trop occupé pour ouvrir un livre. Des livres, Vitale n’en a jamais lus, seuls l’intéressent les livres de comptes. À l’occasion d’une réunion de travail, alors qu’il passe en revue la liste des ouvrages que Schiffrin compte publier, ce dernier s’entend demander avec mépris : « Qui est ce Claude Simon ? »
Quand l'auteur de La route des Flandres a obtenu en1985 le prix Nobel de littérature, à la surprise générale, la contreverse avait fait rage. Certains critiques l'encensèrent tandis que d'autres stigmatisèrent l'ennui de son œuvre. Toute ressemblance avec des écrivains existant ou ayant existé est fortuite et indépendante de la volonté de l'auteur de ce blog…
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